Babordages

Pendant qu'ils ne cherchaient pas d'alternative, nous pensions à un #PlanB.

Y’a plus d’sous

C’est reparti mon kiki.

Oxfam vient de sortir un nouveau rapport aussi fouillé qu’ACCABLANT sur les inégalités et leur creusement : Lutter contre les inégalités, le défi de ce siècle.

 

Si tu es un fidèle lecteur (et crois moi, si ce n’est pas le cas, ma peine est immense), tu sais qu’un précédent rapport d’Oxfam m’a mis hors de moi.

Ça ne t’étonnera donc pas que ce nouveau rapport me rende tout aussi dingue, à deux niveaux :

D’abord, en raison des faits insupportables qu’il relate.

Dans le monde entier, la prospérité bénéficie non pas aux couches inférieures de la population, mais aux plus riches dont la fortune extraordinaire s’accroît toujours plus rapidement.

Le patrimoine cumulé des 85 personnes les plus riches, qui possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale […] a augmenté de 668 millions de dollars par jour entre 2013 et 2014.

Par jour !

Cela équivaut à un gain de près d’un demi-million de dollars par minute.

Par minute !

Ces inégalités, qui freinent la croissance économique, augmentent la criminalité et anéantissent les espoirs et les ambitions de milliards de personnes, sont le résultat de choix politiques et économiques.

Eh ouais.

En France, les 1% les plus riches possèdent autant que les 70% les moins aisés de la population, soit 46 millions de personnes !

Mais y’a plus d’sous !

Les fortunes cumulées des familles Bettencourt et Arnault représentent presque autant que ce que possèdent les 20 millions de Français les plus pauvres, soit un tiers de la population.

Tu sais, Arnault, dont François Hollande vient d’inaugurer le nouveau musée, après avoir refusé de soumettre les œuvres d’art à l’ISF.

En Europe, les mesures d’austérité mises en place dans le but d’équilibrer les budgets, suite au sauvetage des banques à hauteur de 4 500 milliards d’euros, ont surtout eu pour effet d’aggraver la pauvreté et les inégalités. Les seules personnes à bénéficier de l’austérité sont les 10% les plus riches de la population européenne, qui ont vu leur fortune s’accroître.

Si l’on instaurait aujourd’hui un impôt de 1,5% sur les fortunes des milliardaires du monde, les recettes annuelles pourraient permettre de scolariser tous les enfants sur cette planète et d’offrir une couverture santé universelle dans les pays les plus pauvres.

Ensuite, parce que tout le monde s’en fout (ou presque), comme la dernière fois.

Oui, tout le monde s’en fout. Et ça, je ne me l’explique toujours pas. Pourquoi la gauche (celle de gauche) ne s’empare-t-elle pas du sujet ?! Elle attend qu’un organe de presse sérieux s’en saisisse ? Eh bien c’est fait ! Babordages.fr en parle, elle peut s’en emparer ! #melon

Car comme je le tweetais à la sortie du rapport :

 

Je pense que même les gens « sérieux et réalistes » pourraient en convenir. Après tout, ça inquiète des gens de droite qui ne veulent pas voir le système qui les dorlote mourir étouffé par son propre vomi.

En attendant, je te pose 2 questions :

  • Si ça ne te fait rien, ou du moins si ça te paraît secondaire ou dérisoire comparé au dernier esclandre de Nadine M. (ne proteste pas, je vois bien ce que tu racontes et relaies sur les rézosocios), POURQUOI ?
  • Et si tu protestes kamème, alors comment expliques-tu que la gauche (de gauche) n’exploite pas goulûment des arguments massue et chiffres choc qui lui sont servis sur un plateau par de tels rapports ?

Merci d’avance pour tes réponses (dans les commentaires si possible, que tout le monde puisse en profiter et qu’elles passent à la postérité).

Et tiens, un graphique plus une petite photo de chez nous pour alimenter ta réflexion :

Distribution mondiale des revenus - Oxfam

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À propos de sknob

Franglophone songwriter, cartoonist, translator, geek, #ronchonchon. VieuxSage, déjà blogueur au XXe siècle, je ne supporte ni l'injustice, ni la mauvaise foi, ni les gens qui réfléchissent avec le cerveau d’autrui, ni les betteraves. En revanche, j'ai un peu le melon depuis que j'ai publié un billet sur le blog de Paul Jorion. Mes camarades m'ont à l'œil.

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15 avis sur “Y’a plus d’sous

  1. Log

    Parce que la notion de gauche et droite n’a pas grand chose à voir avec celle de socialisme et libéralisme.
    La première relève du champ des sensibilités, d’un ensemble de préoccupations instinctives (du besoin, du dessein), elles mêmes induites par le contexte particulier vécu et la seconde relève des idées (des moyens). La fin et les moyens en quelque sorte, décrit par Camus. J’en veux pour exemple des idées dites de gauche, reprises par la droite et vice et versa comme le libéralisme par exemple qui à l’origine portait nos révolutionnaires de 1789, préconisé par la gauche donc et … appliquée par la droite. Ou bien le régionalisme, à l’origine porté par la droite pendant la révolution dans le cadre du fédéralisme et finalement repris par la gauche en 68
    La sensibilité n’est pas raisonnée, pas rationnelle. Alors, si tu y rajoutes la notion de prédation consubstantielle à la nature même de l’homme, dès lors qu’il réfléchit aux moyens de parvenir à ses fins, il est capable de la pire des saloperies, quelque soit sa sensibilité qui devient secondaire et se mût en … moyen.
    J’ai lu un truc du genre : un axe, allant de l’extrême gauche à l’extrême droite, rapprochant les extrêmes et les centres dans leurs préoccupations.
    ▪ à l’extrême gauche, on trouve les idéalistes révolutionnaires qui estiment que le système est fondamentalement mauvais et qu’il faut installer un nouveau modèle idéal égalitaire (à l’origine de la France moderne mais on a morflé pendant la terreur). Le terreau des idées nouvelles qui explosent littéralement (et seront exploitées par les libéraux ex : les nouvelles théories RH en management qui n’ont d’autres soucis soit disant humanistes que d’asservir plus encore les salariés sous couvert d’un discours de « liberté » et « responsabilisation », comme le forfait jour pour n’avoir pas à payer les heures supplémentaires ou les nouvelles théories de « challenge » en équipe dont on observe les effets desastreux sur les salariés comme par exemple chez « carglass » où c’est l’équipe justement qui devient le tortionnaire du faible qui leur fait perdre la prime collective. Un cas d’école des nouvelles méthodes de management directement copiées sur des sensibilités de gauche.)
    ▪ à gauche, on trouve les progressistes qui pensent que les choses ne sont pas si mauvaises mais que l’on devrait pouvoir les améliorer. Ce sont les progressistes ou réformistes.
    ▪ à droite, on trouve les conservateurs qui se contentent des choses qu’ils ont parce que c’est plutôt bien et qu’il vaut mieux tenir que courir, le changement étant source d’inquiétude.
    à l’extrême-droite, on trouve les réactionnaires, ceux qui vivent dans le passé féodal idéalisé dès lors qu’ils étaient les seigneurs (ou saigneurs) et veulent tout casser pour retrouver leur fantasme.
    Et bien, les deux extrêmes partagent une même envie de bouleversement, révolution, renversement de l’ordre établi parce qu’ils n’ont rien à perdre alors que nos deux progressistes et conservateurs partagent une unanimité de point de vue sur la légitimité du système en place. Ces derniers s’allieront donc tout naturellement pour préserver l’ordre établi, à leur grand avantage alors que les deux premiers en viendront à ne pas s’agresser… Ecoutez les frontistes… leur discours tourne populiste et il prend.
    Quant au libéralisme, c’est quoi ? La liberté ? oui, mais c’est devenu la liberté de quelques uns au détriment du plus grand nombre, la liberté des légitimistes de droite et de gauche qui ne veulent pas partager leur confort établi avec les autres. Quand au libéralisme authentique lui, celui qui prône la liberté d’être et devenir qui l’on est, sans uniformité, sans bouffer le voisin, lui… n’existe plus ou du moins est devenu complétement minoritaire et se cache honteusement. Oui honteusement car le vrai combat politique, ce serait celui là : s’adresser aux jeunes, aux travailleurs pauvres et reconstruire une société de liberté solidaire qui pourrait alors s’occuper tout naturellement des plus faibles.
    Et là… je sais bien que tu ne vas encore pas être d’accord.

    Reste que… c’est honteux de tolérer que l’on gagne un argent en quantité telle qu’on ne sera jamais en mesure de pouvoir le dépenser dès lors que d’autres crèvent littéralement de faim.
    Allez, zouille, je vais vomir…

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    • sknob Auteur

      @log Merci pour ton commentaire. Tu as raison, j’ai plein de désaccords fondamentaux, et ton analyse érudite escamote des facteurs qui bouleversent tout l’édifice, mais on est d’accord sur ta conclusion : )

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  2. JohnGwendal

    Bah la gauche de gauche s’empare de ces chiffres à chaque fois. Mais un chiffre massue ca donne rarement grand chose.

    Et surtout, dénoncer les inégalités en tant que telles ca sert à rien tant qu’on parle à une majorité de gens qui se sont appropriés le discours qui dit que c’est NORMAL que des mecs s’empiffrent et que « les nuls » crèvent. Tu comprends, ils l’ont mérité leur fric, quoi, hein, ils ont bossé et tout, sisisi jte jure c’est dit dans l’émission de staphane bern !

    Bref, dénoncer les inégalités ne sert à rien tant qu’on trouve pas la clé pour rappeler que les inégalités sont justement quelque chose de mauvais, et pas un truc « naturel.

    Sinon ca revient à dénoncer le fait qu’il fasse chaud en été et froid en hiver.

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  3. sknob Auteur

    @JohnGwendal Pas trop d’accord… Je crois qu’on est résigné avant même d’essayer, et que l’on ne présente pas forcément les choses de manière convaincante. Là, tu as Oxfam, ONG vénérable et sérieuse, qui pond un rapport de 155 pages TRUFFÉ de munitions, parrainé par des gens hyper respectés qui ne sont pas connus pour leur gauchisme révolutionnaire et qui en met plein la gueule au système et aux institutions et aux politiques.

    Et je suis prêt à parier que si tu faisais un sondage (#huhuhu) en posant la question « Trouvez vous normal que En France, les 1% les plus riches possèdent autant que les 70% les moins aisés de la population, soit 46 millions de personnes », le résultat ne serait pas pour nous déplaire.

    Bref, je trouve que c’est presque une faute politique de la part des politiques de gauche qui obtiennent du temps d’antenne de ne pas relayer de tels rapports, et les chiffres et arguments chocs qui vont avec. J’irai même jusqu’à dire que c’est presque une faute morale.

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    • JohnGwendal

      Juste en passant, le précédent rapport a été relayé dans les médias par les responsables du PG (et sans doute du PCF mais j’ai pas fait gaffe).

      Pour préciser mon point, la difficulté c’est le lien avec les trucs quotidiens.

      Oui tout le monde te dira « c’est pas normal que 1% blabla ». Mais si tu émets à côté l’idée de taxer les + riches, on te répondra par la connerie du ruissellement, sans faire le lien.

      C’est plus précisément ce lien qu’on doit activer, pour montrer que les inégalités elles sortent de choses très concrètes, de politiques, d’actions, qu’elles apparaissent pas « comme cà ».

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      • sknob Auteur

        C’est plus précisément ce lien qu’on doit activer, pour montrer que les inégalités elles sortent de choses très concrètes, de politiques, d’actions, qu’elles apparaissent pas « comme cà ».

        C’est précisément ce que s’efforce de faire le rapport. Et en suggérant des solutions très « soft » comme le 1,5% dans le billet, il montre habilement je trouve qu’on peut très bien taper dans le lard, et en creux que ce n’est pas normal qu’on ne le fasse pas.

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        • JohnGwendal

          C’est tout connement un ISF mondial qu’ils proposent. Du coup on en revient toujours au délire de l’évasion fiscale en fait.

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          • sknob Auteur

            Mais c’est pas Chavez ou Fidel ou Brejnev ou JLM qui propose. Ce sont des gens « sérieux et responsables ». Faut s’en saisir BORDAYL, même si ça n’a qu’une chance sur 1000 de servir à quelque chose. Sinon faut pas s’intéresser à la politique ou en faire. Faut faire du macramé. ; )

        • tomalep

          Je suis plutôt d’accord avec le fait que ce soit audible, que ces faits tellement grotesques sont le moyen d’attraper l’attention du grand nombre pour qu’il fasse le lien entre sa situation, sa vie de tous les jours, et la réalité d’un point de vue macro, politique, le système quoi.

          Mais pour sauver l’honneur des gauchistes, il me semble que la question est de savoir pourquoi on n’est pas amenés à mettre plus en avant ces faits (même si on le fait, le tableau est un peu trop noir). Sur les médias mainstream, il me semble qu’ils sont difficiles à avancer, du fait des questions posées, du temps… ça fait un peu plouf, ça apparaît comme gratuit, décalé, « idéologique », ça ne répond pas à la question du journaliste qui a la science et te demande s’il faut baisser le coût du travail.

          Donc faut trouver le moyen de passer par la fenêtre, et là je pense qu’on sera d’accord, nos capacités ne sont pas toutes exploitées.

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        • cathy hope

          Quand on lit le résumé du rapport (27 premières pages) on constate que sont traitées les inégalités extrêmes et les exemples circonscrits aux PMA, PVD ou pays émergents. Les exemples mais pas une grande partie des causes et des remèdes bien sûr. C’est de gouvernance mondiale dont il s’agit.
          Notre vraie gauche a d’autres priorités en ce moment, elle essaie tant bien que mal, plutôt mal que bien, de se faire une place pour la gouvernance de notre beau pays.
          Et bien sûr, elle a des solutions pour réduire les inégalités croissantes chez nous. Mais les pauvres ne votent pas ou plus. Les études sur l’abstention montrent que la majorité des abstentionnistes sont peu diplômés, au chômage, en difficulté d’insertion sociale et faiblement instruits. Les victimes des inégalités donc ne votent pas. Sans parler de celles qui en ont marre d’attendre et qui font ou feront le choix du populisme et de l’extrémisme (pour info, je ne parle que de l’extrême droite si jamais un simplificateur me lit…).
          Dans ma ville, il y a belle lurette que les militants de la vraie gauche ne montent plus les cages d’escalier. Ils s’arrêtent au mur de boîtes aux lettres. Et qui écoute encore les mots des politiques ? Et qui lit encore les tracts politiques ? Gageons que les prospectus du discounteur le plus proche auront plus de succès. Ces gens-là ont des priorités, vivre tant bien que mal, survivre.
          Le pauvre ne fait pas recette en politique, le PS l’a compris depuis longtemps. Penser qu’il y a un volant incompressible de pauvres ça permet de se déculpabiliser comme en son temps le volant incompressible de chômeurs.

          Pour revenir au rapport, la vraie gauche aurait tout intérêt à s’emparer de ses préconisations (à partir de la page 138 pour ceux que ça intéresse), je ne pense pas qu’elle puisse en renier une seule d’entre elles. Ça lui permettrait de démontrer que son propre PROPRE PROJET DE SOCIETE ou quasiment est écrit noir sur blanc dans un rapport d’une organisation internationale dont les rédacteurs ne sont effectivement pas des gauchistes révolutionnaires. Ça en jette non ?

          Répondre
  4. sknob Auteur

    Il n’y a pas si longtemps, parler de #TINA ou de #Groite était marginal et iconoclaste. Aujourd’hui, ces notions ont été validées par les médias mainstream (je ne dis pas que c’est grâce à nous hein, mais on a fait ce qu’on a pu). Je pense que ce n’est pas rien.

    C’est pareil avec le contenu du rapport (voir la conclusion du commentaire de @cathyhope). En parler, le répandre comme on peut n’aura sans doute aucun effet concret et immédiat. Dans ce sens, effectivement, ça ne « sert à rien ». Mon sentiment, c’est qu’on doit faire tout ce qu’on peut pour infecter le débat public avec des idées fortes et simples à comprendre (c’est ce qui fait le succès du camp d’en face). C’est le minimum syndical. Ne pas le faire serait une faute.

    Quelques anticorps dans un océan de virus? Peut-être et sans doute, mais même si le pire est à craindre, on n’est jamais à l’abri d’un coup de bol…

    Répondre
  5. Anne-Marie

    La richesse ce n’est que la somme des services que l’on se rend les uns les autres. Ça n’a pas de limites, ce n’est pas un gâteau à taille fixe, on en créé autant qu’on travaille et qu’on investit du capital accumulé. Dès lors, se concentrer sur les inégalités plutôt que sur comment augmenter le niveau de vie réel, absolu de la majorité des gens, c’est succomber à une vision fausse de l’économie comme un jeu à somme nulle. Des sous, il y en a autant qu’on veut, il suffit d’en imprimer dans les banques centrales, d’un clic de souris. On peut aussi imprimer des billets et les faire pleuvoir d’un hélicoptère, ou tout simplement faire un virement à tous les citoyens. La seule limite, c’est l’inflation. Pas besoin de prendre l’argent de Paul pour le donner à Pierre, suffit d’imprimer. Pas besoin d’opposer les gens entre ceux qui croulent sous les impôts et les autres. Il ne manque que la volonté politique.

    Répondre
    • sknob Auteur

      J’ai hésité à publier votre commentaire, pas par sectarisme, mais par charité à votre égard. Je ne vais pas perdre trop de temps à y répondre, sauf pour dire qu’effectivement, le gâteau grossit ET les parts sont de moins en moins équitablement réparties. C’est ce que montre le rapport d’Oxfam, qui, si vous avez même survolé mon billet, explique que les inégalités augmentent. Bon, je vous laisse, j’ai de la monnaie à imprimer.

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