Vous êtes mignons
Tu n’es pas sans savoir que dans quelque temps arrivent les élections européennes. C’est le 25 mai. Je ne sais pas trop ce que tu comptes faire, mais moi j’irai voter. Je vais toujours voter. Ma foi en la démocratie et dans les élections prend des coups, entre les promesses non tenues, les renoncements, les changements de cap divers et variés (et je ne te parle même pas de trahison comme celle que nous avons connue lors de la ratification du traité de Lisbonne), mais je vote.
Mon côté social-démocrate.
Que fait le Parti Socialiste à l’approche de ce scrutin ? Il adopte un manifeste.
Voici quelques morceaux choisis.
L’Union européenne doit changer, c’est notre conviction profonde.
Nous insisterons sur la mise en place de règles strictes visant à garantir l’égalité de rémunération pour un travail équivalent, la protection des droits des travailleurs et la qualité de l’emploi; sur le renforcement des droits des syndicats, du dialogue social et de la législation de lutte contre la discrimination […]
La politique d’austérité a causé l’effondrement de nos économies et a pénalisé ceux qui n’étaient pas responsables de la crise.
Nous voulons instaurer une véritable coordination des politiques économiques et fiscales, qui tienne compte de l’impact social de ces décisions sur les citoyens. Le Parlement européen et les parlements nationaux doivent conserver leur souveraineté et participer pleinement à l’exercice de contrôle démocratique sur ces politiques. Les Troïkas sont clairement un échec à cet égard.
Nous nous sommes fixés comme objectifs prioritaires la réduction de l’évasion fiscale de moitié d’ici 2020, et la lutte contre les paradis fiscaux.
Depuis cinq ans maintenant, le secteur financier prétend avoir tiré les leçons de ses erreurs. Nous ferons en sorte que plus jamais les citoyens en fassent les frais. Nous devons fixer le cadre nécessaire pour mettre le secteur financier au service de l’économie réelle et l’obliger à assumer sa part de contribution à la société. La réglementation obligera les banques à servir les citoyens plutôt que de les dépouiller.
Nous plafonnerons les bonus des banquiers et nous accélérerons l’introduction de la taxe sur les transactions financières, une taxe qui permettra une juste contribution du secteur financier à la société et que nous soutenons depuis plusieurs années.
La droite a mis en place des politiques néolibérales pour réduire les aides qui permettaient aux citoyens de rebondir après une période difficile. Nous nous battrons pour faire en sorte que l’Europe ne laisse aucun citoyen au bord du chemin.
Je te laisse découvrir le reste, ce n’est pas très long. Tu reconnaîtras d’ores et déjà que ce que l’on te propose ici est, si tu es un peu de gauche, plutôt engageant.
Oui.
Mais…
Il a comme un air de réchauffé ce refrain de l’Europe Sociale tu ne trouves pas ? On nous le ressort tous les cinq ans. Les promesses n’engageant que ceux qui y croient, et j’ai décidé d’arrêter d’y croire.
Voici ce que disait le candidat :
Mon premier déplacement sera à Berlin, pour confirmer à Angela Merkel le vote des Français pour une autre Europe. #JTHollande
— François Hollande (@fhollande) 24 Avril 2012
Pourquoi pensez-vous que je mets autant de force dans ma volonté de renégocier le traité européen? #BFMTV #FH2012
— François Hollande (@fhollande) 2 Mai 2012
Tu l’as sentie la renégociation ?
Tu le sens que ce gouvernement est engagé dans la diminution de l’austérité ?
Tu la sens la protection des droits des travailleurs quand on ne cesse de répéter que le problème c’est le coût du travail ?
Tu y crois à la taxe sur les transactions financières quand notre ministre des finances déclare qu’elle « suscite des inquiétudes » ?
Et puis le coup des politiques néolibérales mises en places par la droite, il faudrait peut être pas trop non plus nous prendre pour des jambons, car ces politiques, très cher Parti Socialiste, tu en portes une grande part de responsabilité :
- En 1984, la loi déréglementant le métier bancaire, c’est toi.
- En 1986, l’acte unique européen (Art 16-4 « Le marché intérieur comporte un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée [… Le Conseil] s’efforce d’atteindre le plus haut degré de libération possible. L’unanimité est nécessaire pour les mesures constituant un recul en matière de libération des mouvements de capitaux. »), c’est encore toi.
- Toujours en 1986, la loi Bérégovoy sur la déréglementation financière (déréglementation, désintermédiation, décloisonnement, désinflation), c’est toujours toi.
- En 1988, la directive Delors-Lamy qui prévoit la libéralisation complète du marché des capitaux pour 1990, c’est à nouveau toi.
- En 1992, le traité de Maastricht (« toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites »), qui a fait campagne en sa faveur ?
- En 2005, tu nous as joyeusement vendu le traité constitutionnel.
La dérégulation financière, tu en es, cher Parti Socialiste, un des architectes les plus zélés.
Depuis trente ans.
Alors, le 25 mai prochain, j’irai voter, mais pas pour toi.
Entendons-nous bien, je ne souhaite nullement une victoire de l’UMP. De la même manière, un FN regonflé serait une très mauvaise nouvelle. Aucun doute là dessus.
Mais si le PS se prend une branlée, je reprendrai un cornichon.
Et pour ceux qui ne sauraient pas pour qui voter, il reste « l’abstention offensive », un concept qui ne devrait pas vous attirer les foudres des socialistes, parce que ce sont eux qui l’ont inventé.
L’abstention offensive (Article sur Le Point, Fév 2012)
Entre l’abstention offensive et l’abstention dynamique, je m’y perds. 😉
Sur le principe (de voter) je suis d’accord… Mais pour qui ? Sans rentrer dans le tous pourris, est-il raisonnable de donner son pouvoir à des personnes que l’on ne connaît pas ? L’abstention a au moins le mérite d’entacher la légitimation du « vainqueur ». Tournons le dos à ce système, prenons la tangente et essayons d’en inventer un autre. Je suis conscient que c’est plus facile à dire qu’à faire. Quelques pistes de réflexions :
http://www.la-ferme-des-enfants.com/index.html
http://cluborlov.blogspot.fr/2012/10/in-praise-of-anarchy-part-iii.html
http://cluborlov.blogspot.fr/2013/07/communities-that-abidepart-i.html
http://cluborlov.blogspot.fr/2013/07/communities-that-abidepart-iv-causes-of.html
http://cluborlov.blogspot.fr/2013/08/communities-that-abidepart-v-example-of.html
Merci pour ces liens, je lirai tout ça tantôt.
Voter.
Vaste débat en fait.
Car voter, avant même de choisir un candidat, c’est déjà prendre position.
Se déplacer et mettre un bulletin (ou une enveloppe vide) dans l’urne, c’est déjà admettre un postulat, celui que l’élection sert à quelque chose.
Et même un second postulat corolaire, celui que l’institution pour laquelle on choisi un représentant sert à quelque chose.
Alors sur le premier postulat, je veux bien faire un effort :
effectivement voter ça peut parfois dans certaines conditions service à quelque chose : dans un système « merdique-mais-on-en-a-pas-d-autre » que nous appellerons par commodité et abus de langage « démocratie ». Bon ok. Je suis plus qu’échaudé mais admettons que j’en ai pas encore assez de me faire enculer à sec avec du gravier depuis que je suis suffisamment grand pour comprendre le système de « représentation » et ses dérives puantes infinies, admettons, voter c’est pas pire que de se faire extraire toutes les dents à coup de barre-à-mine.
Admettons.
Mais voter aux européennes ? non. Là, vraiment non.
Par ce que voter aux européennes ça signifie donner crédit à l’institution, lui accorder le droit d’exister encore, de mous faire croire encore qu’elle sert à quelque chose.
Et là je dis stop, la comédie, devenue tragédie depuis trop longtemps, a assez duré. L’institution européenne doit disparaitre au plus vite maintenant. Ca suffit; ca suffit les conneries, ça suffit les référendums pour de rire, où on te traite de « facho-si-tu-vote-non » pendant des mois, pour ensuite se torcher le cul avec le résultat, parce que tu as eu l’outrecuidance de voter non.
Ca suffit la Grèce, Ca suffit l’Espagne, ça suffit parce que les prochains ce sera nous. Alors merde, ça suffit la dictature de la Troika, le pouvoir laissé à quelques ordures en cravates, les banques toutes puissante, les lois au service du biziness, je dis stop, basta, assez.
Je n’irai pas voter le 25 mai ni pour ni contre quoi que ce soit. Cette institution doit disparaitre, et tous ceux qui l’ont crée et fait fonctionner doivent passer devant un tribunal pénal international. A minima.
Je partage tous tes constats et toutes tes colères.
Je pense aussi qu’il est nécessaire de changer, remplacer, casser, foutre à la benne cette Union Européenne.
Dans une élection à la proportionnelle où, si tu ne vas pas voter d’autres le f’ront (national), je donne ma voix au PGE dont la ligne écosocialiste ne me déplaît pas.