Vive la fin du monde !
Depuis les tous premiers épisodes du #LeFeuilleton, j’essaie de faire passer une idée maîtresse :
EN TEMPS NORMAL, on pourrait débattre, voire se disputer, sur ce qu’il conviendrait de faire dans la sphère politique et économique : un peu plus de ci, un peu moins de ça, une pincée de sociétal, un soupçon de Front National…
SAUF QUE LES TEMPS SONT TOUT SAUF NORMAUX, et que pendant que l’on discute de la couleur du papier peint, la maison brûle, car nous vivons un changement de civilisation, qui se manifeste par la Multicrise©®™ (écologique, économique, démocratique, de la complexité).
Mais rien à faire.
Qu’il s’agisse de nos dirigeants ou de nous-mêmes, dans 99 % des cas, on n’arrive pas à intégrer cette variable dans nos raisonnements.
Ça me mystifie.
À moins que le fond du problème soit qu’au fond, on n’y croit pas trop, à cette Multicrise, car elle est difficile à percevoir au quotidien, comme je le suggérais dans la charmante parabole d’Émilie et Victor.
Et puis, et puis, alors que notre aveuglement collectif me désespérait plus que d’ordinaire…
Je tombe d’abord sur ce billet-choc de Paul Jorion : Dix êtres humains résolus pour sauver une espèce en danger ! qui a suscité de nombreuses réactions (dont la mienne) et qui annonce rien de moins que la fin de l’espèce si on ne réagit pas vigoureusement et sans attendre, sachant que ne rien faire équivaut à reculer.
Bien sûr, l’univers n’est pas près de s’arrêter, la planète Terre continuera d’exister, et elle pourra même au fil des millénaires panser les plaies et les bosses qui résultent pour elle de notre passage à sa surface, mais le scénario qui est inscrit aujourd’hui, dans un contexte de destruction accélérée des conditions de vie de notre espèce à la surface de la Terre, a cessé d’être celui de machines de plus en plus intelligentes à notre service, logiciels et robots, pour être celui de notre remplacement pur et simple sur la planète par ces machines que nous avons créées.
YES !
Puis dans la foulée, patatras, je tombe sur un article de Bloomberg (ne me juge pas s’il te plaît) qui reprend une récente étude de l’université d’Oxford et qui explique que la moitié des jobs aux USA sont susceptibles d’être remplacés à relativement court terme par des robots (au sens large, informatique etc.).
C’est alors que mon fil RSS me balance Baxter, le robot industriel pas cher et super simple à programmer (apprentissage par l’exemple). iRobot quoi. À mon avis, tu risques de le croiser lors de ton prochain entretien d’embauche (ha ha ha, non je rigole, tu n’auras plus d’entretiens d’embauche).
Car pendant que tout le monde joue son rôle de composition dans cette grotesque pantalonnade sur l’offre, la demande, les pactes, les contreparties, les inversions de courbes du chômage, le recul de l’âge de départ à la retraite et j’en passe et des meilleures, le travail disparait, et c’est ce qu’on voulait, comme l’explique très bien Jorion, encore lui, dans ce court extrait de Ce soir ou jamais (oui, Clumsy l’avait déjà publié sur Babordages dans son excellent et fort à propos billet La machine contre l’homme) :
Et j’ai déjà eu l’occasion de dire que la majorité des métiers qui restent et que nous occupons sont parfaitement inutiles.
ALL RIGHT !!!
Arrive ensuite une saloperie de pic de pollution parisien de niveau Shanghai, cancérigène cadeau du lobby du diesel et/ou des mines de lignite germaniques, pour nous rappeler que notre mode de vie est littéralement insoutenable…
WOOO-HOOOO !!!
Je trouvais que ça faisait déjà pas mal, quand à deux heures d’intervalle (merci @celestisssima), je tombe sur les deux articles suivants :
D’abord, un rapport de l’ONU sur le changement climatique qui a fuité comme on dit, annonce rien de moins que l’Apocalypse.
RHÂÂ LOVELY !
Et ensuite et enfin, la NASA, oui, la NASA ! Notre civilisation est condamnée, selon une étude de la NASA.
Ce n’est pas la première fois que l’on prédit la fin du monde. Mais cette fois-ci, ce sont des scientifiques qui avancent l’effondrement de la «civilisation industrialisée». La Radio Télévision Belge (RTBF) appuie en outre la «crédibilité» de cette étude sur le fait qu’elle a été publiée par le «très sérieux Elsevier Journal Ecological Economics».
Spoiler : cette étude évoque non pas un, mais deux scénarios d’effondrement, les deux mêlant inextricablement augmentation des inégalités et surconsommation des ressources naturelles.
ALLÉLUIA !!!
Oui, parfaitement, YES, ALL RIGHT, WOOO-HOOOO, RHÂÂ LOVELY et ALLÉLUIA, car cette prise de conscience générale et planétaire signifie sans l’ombre d’un doute que tu vas ENFIN t’apercevoir et surtout intégrer si ce n’était pas déjà fait que nos dirigeants ne sont vraiment pas à la hauteur des enjeux (doux euphémisme), et que toi non plus si tout ce qui t’intéresse, c’est la meuf à cravate à Hollande, le complot contre Paul Bismuth, le djendeure, savoir si Edwy est né avec une moustache et a toujours été gauchiste, ou justifier que telle ou telle mesurette sociétale adoptée ici ou là dans un océan de mesures et non-mesures suicidaires signifie que le gouvernement n’est pas de droite, ou que nous vivons au contraire sous une Dicture Saucisse (©@BravePatrie).
Et j’espère que tu me pardonneras si je m’accorde une petite tape dans le dos et gigue de la joie d’avoir eu raison qu’on va tous mourir bordayl (FUCK YEAH !!!) si nous ne changeons pas très rapidement de focale, tous autant que nous sommes.
(Mes excuses au #GrammarNazi de Babordages pour la phrase précédente).
Car ce n’est pas comme si on ne savait pas ce qu’il convient de faire. Déjà, tu ne votes plus jamais TINA, on est d’accord ? Et tiens, va voir là par exemple pour un timide mais bon début…
C’est donc le moral requinqué que je laisse le dernier mot à un dangereux gauchiste laconique mathématicien de la NASA :
Les deux solutions-clés sont de réduire les inégalités économiques afin d’assurer une distribution plus juste des ressources, et de réduire considérablement la consommation de ressources en s’appuyant sur des ressources renouvelables moins intensives et sur une croissance moindre de la population
Erratum : j’ai écrit ce billet le 20 mars, et on me signale (merci @FrenchRedFrog et @mathieumatiu) que l’étude de la NASA n’est pas vraiment une étude de la NASA. C’est documenté ad nauseam chez @Klaire. Mon billet et la thèse qu’il défend sont donc nuls et non avenus. Vous pouvez continuer directement ou indirectement à saloper la planète en toute impunité.
Mots-clés : Écologie, Inégalités, LeFeuilleton
J’adore !
Sur l’automatisation des emplois (et la généralisation du statut d’intermittent du spectacle) « Bernard Stiegler : Travailler demain »
http://ventscontraires.net/article.cfm/12857_bernard_stiegler__travailler_demain.html?autoopen
Merci pour cet excellent billet !
Pour quand le changement ?
Un début de réponse : « Au-delà du capitalisme », avec Frédéric Lordon et Eric Hazan – http://m.youtube.com/watch?v=MKWfCdZ8zLI&feature=youtu.be
Une écriture drôle, fine et intelligente (si si!).
Ai-je besoin de dire qu’on en manque cruellement?
Merci pour les liens et les compliments