Babordages

Pendant qu'ils ne cherchaient pas d'alternative, nous pensions à un #PlanB.

Une petite envie pressante

Le débat (express) sur le travail dominical aura finalement été un très bon révélateur du degré d’aliénation que nous sommes prêts à accepter. Là, on en est au point de choisir le poids et la couleur des chaînes.

Je ne compte plus, même à gauche, le nombre de personnes qui disent : « ouais mais moi je me fais chier le dimanche donc autant travailler », « ouais mais si un célibataire sans enfant veut travailler le dimanche pourquoi lui interdire ? », « j’aime bien aller faire des courses le dimanche » …bla bla bla.

Ok les gars (et les filles) sauf que ce que vous voulez en tant qu’individus n’est pas foncièrement le plus important. Mais il est vrai que cela démontre bien à quel point le matraquage de la pensée dominante, durant ces 30 dernières années, a été efficace. On ne voit même plus où est le problème. Le monde a changé. Faut être moderne. #Modernité #Progressismzme

L’individualisation des rapports sociaux, dans tous les domaines, nous bouffera, tous.

Mais t’es content :

MA maison / MON travail / MA feuille de paye / MOI MOI MOI.

La question qu’il faudrait se poser c’est quel modèle de société veut-on pour demain ?

Alors oui, on peut vouloir se faire un ciné le dimanche, aller boire un café avec des potes, aller acheter des trucs qu’on pourrait aussi acheter le samedi. Et vous savez quoi ? Je parie que les gens qui bossent le dimanche auraient aussi envie de tout ça. Sauf qu’eux, comme ils sont mal payés le reste du temps (encore moins que vous, c’est dire), ils « préfèrent » bosser le dimanche pour que leur compte en banque soit dans le rouge le 20 plutôt que le 15 du mois. Les étudiants aussi ça les aide de pouvoir bosser le week-end pour payer leurs études…

Mais par pitié, arrêtez de dire que c’est leur liberté de travailler le dimanche. Ce n’est qu’une contrainte maquillée en liberté individuelle. Et le fait que vous ne le voyiez même plus me navre. Réellement.

Mais bon. Ça doit être mon côté gauchiste tendance stalinienne qui remonte à la surface. Alors soit, soyons progressistes et modernes et poussons le raisonnement jusqu’au bout.

Donc, parce que vous avez une petite envie de consommer le dimanche, et d’aller dévaliser les rayons flexibles de douche chez Casto, disons qu’on autorise l’ouverture de deux enseignes de magasins de bricolage. Il va sans dire donc que l’ensemble des concurrents de ces magasins pourront également ouvrir le dimanche. (Bah quoi ? La loi du marché, la magie de la concurrence libre et non faussée toussa)

Par extension, logiquement, l’ensemble des magasins qui ont des rayons bricolage pourront également ouvrir.

Et puis un jour, des gens, vont dire qu’ils ont envie, le dimanche d’acheter d’autres trucs, comme des surgelés, ou meubles en kit, ou des livres. Donc les magasins qui vendent ces trucs vont ouvrir le dimanche.

Un autre jour, des gens vont se dire qu’après tout ils ont aussi envie le dimanche d’aller voir leur banquier, leur assureur ou leur opticien. D’autres diront qu’ils veulent acheter du parfum ou des chaussures. D’autres encore diront qu’ils veulent aller à la Sécu, à La Poste ou chez le coiffeur tiens. (Bah quoi chacun ses envies hein). Donc de fait, on va ouvrir là aussi.

Et puis un jour, on en aura marre de se faire chier tous les 15 jours à amender la loi sur le travail du dimanche, alors on va faire une nouvelle loi plus générale pour dire que tout le monde peut travailler le dimanche et pis c’est tout. #DemerdenSieSich.

Du coup, Ô miracle, le dimanche deviendra un jour travaillé comme les autres et du coup il n’y aura plus aucune raison de payer plus les salariés le dimanche. #pratique

Et un beau jour enfin, la boite dans laquelle tu bosses  te diras que tes clients ou usagers, eux aussi, ont envie de tes services le dimanche, et du coup, tu travailleras désormais ce jour là.

Je sais, je sais, à l’origine tu voulais juste avoir la liberté d’aller chez Casto le dimanche pour acheter des clous.

It was a trap.

Post Scriptum : faudrait vraiment un jour que quelqu’un se penche sur un moyen d’acheter des trucs de façon virtuelle. On pourrait appeler ça Internet et le e-commerce non ? #OhWait

À propos de LaFranceapeur

Membre du comité central du redimensionnement d'images. Adepte du #goulagpourcertains. Gauchissss invétéré. Borisviantophile. Passe parfois sur #DPDA et parfois sur la Comète. #photononcontractuelle

Tous les articles par LaFranceapeur →

11 avis sur “Une petite envie pressante

  1. @t_ffe

    Ouais acheter en ligne c’est bien mais si les branleurs de chez Amazon roupillent le dimanche ça fera un jour de délai d’expédition en plus hein ! Faut pas déconner merde !

    Répondre
  2. Firmin

    Un jour chômé pas comme les autres ! Un jour symbolique de toutes les luttes sociales passées. Il est bien regrettable encore une fois que se soit un gouvernement de gauche qui entame cette voie. Quelle ironie !! Jusqu’où ira ce putain de gouvernement? Il reste encore 4 ans.. Je crains le pire… Oui je sais un gouvernement de gauche ? Ironie et foutage de gueule >:)

    Répondre
  3. Jean Peuplus

    Tu oublies une chose, c’est que ça crée des emplois. Ici au Canada, ça fait plus de trente ans que les magasins sont ouverts 7/7 et personne ne trouve à redire, encore moins les salariées. Si le dimanche est un jour comme un autre, quelle différence à ne pas travailler le dimanche ou un mardi ? Tu vas faire ton épicerie un dimanche ? Il y a même des gens embauchés pour mettre tes affaires dans tes sacs. Remis à l’échelle du pays, c’est des milliers d’emplois en plus.
    J’ai de la famille en France…vous allez droit dans le mur car incapable de réformer une société qui ne tourne plus depuis 30 ans. Vous avez le meilleur système social, mais personne ne veux faire d’effort pour le sauver. Tout le monde veut aller au paradis, mais personne ne veut mourir.

    Répondre
    • LaFranceapeur Auteur

      « Ça crée des emplois » quels genres d’emplois ? Des emplois stables ? Sécurisés ? Des emplois qui permettent aux gens de construire leur vie ? Je ne connais le droit du travail au Canada. Je serais curieux de connaître la rémunération de ces « emplois ».
      Quant au fait que nous sommes incapables de nous réformer (la formule est déjà tellement connotée mais passons), je crois que le problème n’est pas là. Nous réformer pour quoi ? La France n’a jamais été aussi riche. Et les inégalités si marquées. Nous réformer pour quoi, pour qui ? Si on appliquait nos lois sur les impôts des entreprises, la fraude fiscale… Le mur s’éloignerait. Moi je veux bien faire des efforts pour sauver notre système et je ne suis pas le seul loin de là. Seulement la richesse n’est pas dans nos mains. Elle est dans celles de ceux qui préfèrent le saboter pour leurs propres intérêts.

      Répondre
  4. Lhamo Bill

    Mon beau – père (le mari de ma mère) est ouvrier. A la chaîne. Il se tape 3 heures de transport en commun tous les jours. Alors oui, il est tellement fracassé que le samedi se taper la foule des grands soirs à Auchan, c’est comme refaire une deuxième semaine.
    Mais Alain aime aussi se détendre. Pas sur les Internets. Pas son truc. Il ne sait même pas que Twitter existe et à quoi ça sert. Et le e-commerce, c’est pas assez visuel pour lui. Lui il aime jardiner et bricoler. Il fait partie de ces « abrutis » méprisés par les « milieux autorisés » de journaleux qui n’ont jamais vu d’ouvriers qu’à la télé. Et encore. Alors oui, Alain est très heureux quand le dimanche matin il peut passer des heures dans les rayonsde son Leroy Merlin du val d’Oise. C’est l’ultime kiffe pour lui. Et ça ferait donc de lui ou un abruti au mieux, ou une victime du patronat ou un collabo du patronat?
    Salauds d’ouvriers ….

    Répondre
    • LaFranceapeur Auteur

      Merci de ton commentaire. Je n’ai absolument rien contre Alain, sois en assurée. Je regrette simplement que l’on pense de plus en plus les questions de société d’un point de vue individuel. Les cas particuliers vs l’intérêt général.

      Répondre
  5. damthev

    Si on suit la logique de l’auteur les personnes qui travaillent le dimanche sont des gens qui galères (pour boucler leur fin de mois ou payer leur études) et ce dernier a la bonne idée de les empêcher de s’en sortir pour que les gens mieux payé n’est pas un jour à allé travailler le dimanche…
    Salaud de gens qui essayent de s’en sortir.
    C’est vrai quoi l’étudiant dont les parents n’ont pas les moyens de lui payer des études interdisons lui de bosser le dimanche pour s’en sortir et laissons les études aux riches.
    Vos bonnes intentions freinent tout ascenseur social et accroissent les inégalités.

    Répondre
  6. LaFranceapeur Auteur

    Concernant les deux derniers commentaires, précisions que ce ne sont pas les individus que j’incrimine mais bien le système plus généralement et le rapport au travail qu’il tente d’imposer.

    Répondre
  7. damthev

    Je comprends bien mais au jour d’aujourd’hui le système est ce qu’il est et la situation de ceux qui travaillent le dimanche serait pire s’ils ne le pouvaient pas.
    Le système étant ce qu’il est je trouve indigne d’obliger des gens à rester dans une situation pire juste pour potentiellement protéger ceux qui s’en sorte mieux.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Gauchistes

fabu_landcorinneperpinyaClumsyLa Rédac'

Social

Gazouillis

Newsletter

Une semaine de Babordages par e-mail.