Répression Nerveuse, par @barroumatt (deuxième partie)
À la recherche de la potion magique, Panoramix chez les Labos
Le petit Vincent, il prend lui aussi des médicaments. Mais contrairement à ses parents, il est vraiment malade. Vincent est hyperactif, il a un Trouble du Déficit de l’Attention avec (ou sans) Hyperactivité (TDAH). Le TDAH est une maladie créée par un laboratoire afin de trouver une indication médicale pour un nouveau médicament (la célébre Ritaline, un best seller de Big Pharma. La plus belle réussite d’une stratégie marketing très employée par les labos : le condition branding. Une méthode qui consiste donc à créer un marché pour un médicament en promouvant une maladie ad hoc. Autorisation de mise sur le marché puis inscription du TDAH dans la 4ème version du DSM et c’est le jackpot que l’on connaît avec des conséquences désastreuses sur la santé de gamins dépendants d’un puissant psychostimulant proche des amphétamines. Chiffre d’affaires record, croissance épidémique exponentielle, une gigantesque tartufferie médicale masquée par une réussite commerciale incontestable. Entre 2004 et 2012, le nombre de boîtes remboursées en France a bondi de 235 520 à 523 853, pour un montant grimpant de 2 013 165 à 9 256 564 euros.
L’efficacité des psychotropes est aujourd’hui très clairement remise en cause sachant que leurs mécanismes d’action sont encore mal connus[1]. Les antidépresseurs ne seraient pas plus efficaces qu’un placebo excepté dans les cas les plus graves[2]. La question de l’incrimination des antipsychotiques dans la surmortalité des personnes schizophrènes se pose mais reste polémique[3]. On connait par ailleurs la nature des effets secondaires de ces médicaments et leurs conséquences catastrophiques sur la santé des patients à plus ou moins long terme. On sait également que l’association antidépresseur/antipsychotique accroît des risques d’accidents cardio-vasculaires déjà importants pour cette classe de médicaments. Malgré tout, la psychiatrie biologique continue son irrésistible expansion. Le projet RdoC et la cinquième version du DSM témoignent – et ce, quel que soit l’intérêt de l’outil[4] – de l’extension du champ des pathologies mentales et d’une accentuation de la médicalisation de l’existence et des émotions qui la traverse.
Et les labos poursuivent tranquillement leurs petites cuisines malgré des procès en cascade qu’ils s’empressent de régler à coup de milliards de dollars (J&J a déboursé 2,2 milliards pour éviter le procès du Risperdal, Eli Lilly, plus de 1,2 milliard). De nouveaux traitements arrivent sur le marché pendant que d’autres sont recyclés. L’exemple de l’antidépresseur Prozac est frappant. Lorsque le brevet expire en 1999, il change de nom, devient Sarafem et se retrouve prescrit (hors UE) contre le trouble dysphorique prémenstruel (obligeamment intégré au DSM-IV par un comité d’experts dont 83% avaient des liens avec l’industrie). D. Healy – éminent spécialiste en psychopharmacologie mondialement reconnu – avait pourtant prouvé dès 2000 la nocivité de la molécule, la fluoxétine[5].
Psychotropes et management pour une nouvelle psychiatrie autoritaire
Le problème, ce n’est pas le médicament. Les neuroleptiques, par exemple, offrirent une opportunité incroyable dans la prise en charge des personnes psychotiques. Mais ils ne guérissent pas ! Ils ne peuvent donc suffire et il faut absolument associer au traitement chimique tout un dispositif d’accompagnement psychosocial et psychothérapeutique.
Le problème, ce sont les déterminants politiques, économiques et sociaux d’un usage systématique et exclusif en psychiatrie (et dans toutes les spécialités concernées par la prescription de psychotropes).
Le problème, ce sont les processus complexes d’autorisation de mise sur le marché soumis aux lobbying et aux stratégies marketing des labos.
Le problème, c’est aussi l’extension de la souffrance psychique en lien avec l’accroissement de la misère économique, affective, symbolique.
Le problème, c’est encore l’extrême labilité de la notion de trouble mental et des frontières entre normal et pathologique que de puissantes compagnies pharmaceutiques tentent d’exploiter à des fins commerciales.
Le problème, c’est la complicité (plus ou moins active) des puissantes et très structurées organisations psychiatriques américaines.
Le problème, enfin, c’est l’absence de débat public en France sur ces questions (contrairement aux USA et au Royaume-Uni).
Nous ne pouvons continuer d’ignorer les questions que soulèvent les pratiques de la psychiatrie contemporaine et la politique de santé mentale.
L’état de déliquescence de la psychiatrie française dénoncé par nombre de psychiatres compétents et de soignants attachés au sens de leur métier et à l’accueil des patients aggrave la situation[6]. La volonté et les compétences des équipes soignantes ne suffisent plus à compenser le manque de moyen et les aberrations administratives et organisationnelles. Que quelqu’un m’explique par exemple, le sens, l’intérêt et même la viabilité de la tarification à l’acte en psychiatrie (T2A/VAP) !? Que quelqu’un me démontre les bienfaits de l’évaluation, de la démarche qualité, du RIM-Psy (relevé de l’information médicalisée en psychiatrie) tel qu’ils sont mis en place aujourd’hui dans les établissements psychiatriques et médico-sociaux[7] !?
« Le RIM-Psy induit une protocolisation de l’activité soignante, une redéfinition des rapports des groupes de professionnels et une normalisation de la place de la psychiatrie dans le champ de la santé. […] Les chiffres sont érigés en connaissances objectives et fonctionnent comme des abrégés qui incluent des jugements et justifient des choix stratégiques sans nécessité de se référer à la complexité du territoire, de l’établissement, du service ou du travail soignant ». C. Bélart, O. Dembinski[8].
Et « on me parle de progrès, de « réalisations » […]. Moi, je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, de cultures piétinées, d’institutions minées, […], de magnificences artistiques anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées ». (Aimé Césaire)
Le « traitement moral » de Pinel se rapportait aux principes des bonnes moeurs et de la juste conduite, par opposition à immoral[9]. La fonction de la psychiatrie contemporaine procède des mêmes enjeux (la question normative) mais avec un outillage pharmacologique extrêmement puissant et la rationalité économique en toile de fond[10]. Le soin, l’hospitalité, l’accueil du sujet, la créativité de l’accompagnement socioéducatif s’effacent au profit d’un contrôle des populations accru. On n’accompagne plus un patient, un sujet dans le traitement de sa souffrance, on gère des populations, des épidémies, des parcours de soins, des lits, etc. Par contre, on augmente le nombre de caméras dans les HP, on augmente le nombre de chambre d’isolement (+ 200 suite au discours de Sarkozy du 2/12/2008 à Antony), on intensifie l’usage de la camisole chimique (dans et hors HP), on renforce et réactualise une psychiatrie autoritaire et asilaire.
Et H. Bokobza – citant Derrida – de rappeler que « l’hospitalité est infinie ou n’est pas ; elle est accordée à l’accueil de l’intime, de l’inconditionnel ; elle n’est pas une région de l’éthique. L’éthique est l’hospitalité ».
On assiste également à l’agencement d’une nouvelle occurrence du rapport entre régime politique et affections mentales. Difficile d’enrayer les ravages souterrains des processus de désubjectivation et de mécanisation du lien à l’oeuvre dans des sociétés consuméristes mais il ne fait aucun doute que le primat du facteur économique dans l’organisation sociale produit un très large panel de souffrance psychique. Et c’est bien la place occupée par l’industrie pharmaceutique dans l’ordre du monde (puissance économique, réseau d’influence, etc.) qui contribue à situer aujourd’hui la psychiatrie à l’articulation du médical et du politique. Nous sommes donc tous concernés.
Combattre la « répression nerveuse »
L’espoir de voir émerger une psychiatrie sociale et communautaire (sans aucun rapport avec un quelconque communautarisme) telle qu’elle fut imaginée et pensée – mais jamais complètement mise en place – par les inspirateurs de la politique du secteur s’amenuise avec le temps[11]. Pourtant, elle s’appuie sur une conception du soin pluri-dimensionnelle (psychopharmacologique, psychothérapeutique, socioéducative, culturelle, etc.) et sur une prise en charge, un accompagnement du patient dans son milieu de vie en partenariat avec les élus et les différents acteurs du réseau social. Il existe cependant encore des professionnels qui ont une autre vision du soin que celle que l’on nous impose actuellement. Professionnels ou non, nous devons dès à présent, nous pencher sur les questions inhérentes à la « politique de santé mentale » et refuser de céder à la facilité d’un usage systématique et exclusif du médicament.
Selon Jacques Hochmann, « l’évolution de la psychiatrie, les progrès dans l’accueil des malades et dans le soutien qui leur est apporté sont historiquement indissociables d’une certaine valeur accordée à la dignité humaine et d’un combat contre ce qui dévalorise l’homme[12]. »
Les personnes les plus vulnérables (enfants, personnes âgées, patients chroniques, qu’ils soient en HP, en foyer ou en « ambulatoire ») n’ont souvent aucun moyen de lutter face à l’implacable machinerie psychiatrique. Nous devons nous interposer et refuser la banalisation de la violence institutionnelle à l’égard des malades mentaux et des personnes en souffrance psychique. La contention chimique généralisée, pratiquée à grande échelle prend des airs de « répression nerveuse » organisée (terme d’abord employé par O. Labouret à propos des pressions subies par les soignants en « résistance éthique[13] ».
Un type qui pète les plombs brutalement et commet des atrocités passe rarement inaperçu. Il est grand temps de s’intéresser au sort de tous les autres, de l’adulte psychotique en HP au jeune Vincent « ritalinisé ».
Mots-clés : Billet Invité
Superbe article, merci ! Je n’avais jamais fait les rapprochements que vous faites, j’ai donc appris et et compris beaucoup de choses. À nous maintenant de transmettre ceci pour modifier la perception du plus grand nombre.
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« L’hospitalité est infinie ou elle n’est pas »…
Un certain nombre de structures psy ont été fermées. Le processus continue et les structures qui restent sont totalement incapables d’accueillir tous les patients. Fermer nous dit-on par nécessité économique. Mais comment faire avec les moyens du bord ? On diminue aussi le personnel soignant. Comment continuer à effectuer notre travail
à accompagner chaque patient selon ses besoins et selon son temps à lui, temps nécessaire. Le temps qui nous manque tellement…
On travaille en état d’urgence, au jour le jour, tendu et dans le silence connivent qui nous lie tous nous et notre hiérarchie. Et cette résistance usée semble pouvoir durer indéfiniment… C’est cela qui m’interroge et qui m’inquiète beaucoup, jour après jour.
Nous sommes pris en tenaille… et nous portons beaucoup… la fatigue nous tient en vigilance affolée… Comment continuer…
Il y a encore beaucoup à dire. A bientôt…
Tout simplement : merci, bravo et bonne continuation !
Bon, Fabuland veut que je commente ici, et pas sur Twitter, alors je m’exécute…
Merci Barroumatt pour ces deux billets, clairs, bien écrits, et terriblement éclairant.
Pour aller un tout petit peu plus loin (dans le temps), j’ai (évidemment) pensé au remarquable, inévitable « histoire de la folie à l’âge classique » de Michel Foucault, où il montre combien la psychiatrie moderne est bien issue des visions plus ou moins romantiques, plus ou moins politiques, plus ou moins morales de la folie de l’époque classique. Et que la science psychiatrique s’est aussi construite comme justification des façon de repérer, de considérer, et de traiter ceux qu’on considérait comme fous parce qu’ils étaient indésirables.
A propos de la ritaline, je vais me permettre de faire une pub honteuse pour mon propre blog, sur lequel j’ai donné mon avis (éclairé par quelques lectures d’articles scientifiques) . J’espère qu’il viendra compléter avantageusement tes propos. http://pourquoilecielestbleu.cafe-sciences.org/articles/la-prise-en-charge-de-lhyperactivite-par-le-traitement-a-base-de-ritaline/
Bonne route, et au plaisir de te lire ici, ou ailleurs
Mr Pourquoi
Merci pour ce double billet, qui pointe un des aspect qui tue la psychiatrie moderne.
Malheureusement, je crois que la folie biologisante n’est pas seule en cause : le capitalisme avance de bien des façons…
Je travaille de mon côté sur deux secteur de pédo-psychiatrie en île-de-france, et je crois pouvoir dire que les secteurs infanto-juvéniles sont (un peu) préservés de la déferlante chimique, mais l’offensive gestionnaire/assurancielle est en train de nous tuer.
les évaluations, certifications, recueils des actes, et autres formalités administratives sapent toutes les initiatives soignantes. Deux exemples :
– le plus grand colloque organisé par mon hôpital (un des seuls spécialisé en pédo-psy en IDF) ces dernières années à porté sur… l’hygiène des mains! #BadumTss
– toutes les initiatives n’impliquant pas de rencontres directe avec un patient sont découragées : pas quotable. En gros, le temps que je prends a échanger avec l’éducation nationale, la PJJ, les assos de préventions… sont considérées comme inexistantes. Je le fait tout de même, mais combien de temps me laissera t’on avoir une action non comptabilisable ?
Au quotidien, on voit que la plupart des collègues, bien que se référant plus ou moins explicitement à la psychanalyse et à la psychothérapie institutionnelle, baisse les bras, et se mettent à ronronner (ce qui est gravissime, quand on connait nos patients psychotiques…).
Merci encore.
Comme tu n’as (à ma connaissance) reçu que de bons retours sur ce billet, je me permets de te retranscrire sommairement un échange que j’ai eu avec une mienne amie après que j’ai posté ton texte sur un réseau social.
Elle était très en colère, j’essaie d’être fidèle à son propos :
Elle commence par :
» Le début j’ai bien aimé, ensuite j’ai vu rouge. On ne peut pas non plus dire n’importe quoi pour justifier ses positions ! »
Je lui ai donc demandé ce qui pour elle était du « n’importe quoi ».
Sa réponse :
« A propos de la ritaline… Il est content , il a été pécher ses infos sur les antis, ceux qui n’ont jamais essayé de vivre avec un gamin hyperactif, qui ne le supporterait pas trois minutes mais qui se permettent de dire aux parents : non mais en fait c’est pas bien de lui permettre d’avoir une vie normale, de pouvoir aller à l’école, de pouvoir avoir des amis… non non la ritaline c’est pas bien, les écoles spécialisées (inexistantes) c’est mieux pour les enfants comme toi…. »
Je ne maîtrise pas le sujet suffisamment mais j’ai tout de même évoqué le nombre de cas où j’ai vu des parents d’un élève un peu turbulent me revenir un matin en m’expliquant qu’ils avaient décidé de le passer « sous ritaline » parce comme ça il sera « plus gentil ». Des gamins souvent juste un peu plus vifs que la moyenne qui ne posaient pas vraiment de problème, en classe en tout cas, instit je ne vois que cette facette. J’ai également parlé d’enfants, croisés alors que je dirigeais des colonies de vacances ou pendant que j’exerçais en milieu spécialisé (CLIS, SEGPA, UPI), qui étaient sous ritaline et qui semblaient bien le vivre, pour que le bénéfice au quotidien (encore une fois, de mon point de vue d’instit) semblait positif.
Elle a conclu :
« Le soucis c’est qu’au lieu de parler de la réalité des enfants hyperactif, on va toujours nous parler de ceux qui prennent de la ritaline sans en avoir besoin, ce qui est un autre débat. »
Et de me dire qu’elle ne viendrait pas commenter ici, te trouvant « ouvertement ignorant et complètement de parti pris ».
Je ne pose pas ça pour t’embêter, mais parce que je crois qu’il peut être intéressant pour ceux qui viennent lire ici que tu répondes à ce genre de critique. Pour le débat toussa.
Ton amie n’a pas tort. Je suis ignorant. J’ignore ce que c’est que d’être parent d’un enfant « hyperactif », j’ignore ce que l’on ressent, j’ignore la colère, l’impuissance, la culpabilité et souvent la détresse qui se mêlent à un quotidien ainsi bousculé. Et d’ailleurs, je n’en parle pas et je pense qu’il faudrait en parler, témoigner.
Ensuite, sans connaître ton amie mais ayant été amené à rencontrer des parents et leurs enfants « hyperactifs », je peux dire sans hésiter que certaines situations réclament le soutien du médicament. J’ajoute même qu’il serait stupide, irresponsable de s’en priver pour des raisons idéologiques. A ce titre, je ne suis pas « un anti » et je croyais avoir été clair sur ce point. Et excepté dans le dossier Books (et encore ça se discute), il n’y a pas d' »anti-médicaments » dans mes références.
Ton amie regrette également que l’on ne parle pas assez de « la réalité des enfants hyperactifs ». Certainement. Et, en effet, j’ai choisi dans cet article, de faire état de questions relatives à la « réalité » de l’entité nosographique TDAH et de son histoire, de questions relatives à la « réalité » de la croissance épidémique du TDAH, de questions posées par la « réalité » d’un psychostimulant prescrit parfois plusieurs années à des enfants.. Toutes ces questions n’excluent en rien la réalité de la souffrance et des difficultés d’enfants récemment étiquetés « hyperactifs ». Elles ne peuvent ni être occultées ni mises en compétition avec la souffrance d’un enfant et de sa famille. Il est même primordial de se les poser publiquement quand elles touchent à la souffrance tant celle-ci est de nos jours largement exploitée..
J’ai choisi l’exemple du TDAH et de la ritaline parce qu’il cumule toutes les dérives (que la pilule soit satisfaisante pour les uns ou à proscrire pour les autres).. Il y en avait (beaucoup) d’autres.. J’ai proposé ce texte à Babordages parce qu’il s’agit de choix politiques, d’enjeux économiques (…) et que nous sommes tous concernés. J’aurais pu traiter de cette problématique sur un blog spécialisé (et labellisé..) en prenant un angle rigoureusement clinique et m’adresser exclusivement aux experts et/ou aux personnes concernées. Ce n’est pas le cas et ce n’est pas un article sur le TDAH et la ritaline (pour ça, voir par exemple l’article instructif de MrPourquoi signalé ici).
Pour finir, si la réaction de ton amie est empreint de colère, mon texte n’en est pas exempt.
Difficile de rester impassible face à ce médecin (dans le doc de la TSR en lien) qui prescrit de la ritaline à un gamin qui manifestement ne l’intéresse pas. Ah, ses symptômes, ça oui ! Mais son histoire, sa sensibilité, sa relation avec ses frères, Justin Bieber, sa tante, ses parents, la boulangère, son instit, ses copains du foot, etc.. aucune importance.
Crispation quand un éminent médecin affirme que les médicaments psychotropes sont « peu dangereux » contribuant ainsi à les banaliser.
Qu’un autre docteur m’explique très sérieusement que le degré de dépendance aux psychotropes témoigne de leurs efficacités me tétanise.
Que l’on prescrive de la ritaline à un jeune trisomique qui s’emmerde copieusement dans une MAS, tourne en rond toute la journée à faire des « conneries » parce qu’une équipe éducative n’a pas les moyens de l’accompagner correctement me révulse. Etc, etc, etc.
J’ai donc écris ce texte et je l’ai proposé à Babordages justement parce que je ne suis pas « content » !
De nombreux soignants tels que Norkydee, Effraie, Docfrommars témoignent de leur engagement dans la rencontre avec les patients. Un engagement de plus en plus difficile, de plus en plus contraint. Je défends et je soutiens cet engagement.
Je suis convaincu que le combat de ton amie n’est pas incompatible avec nos engagements. Peut-être avons-nous déjà en commun le désir d’améliorer la prise en charge des patients ?
Exactement le genre d’idee que je me fesait sur le sujet, merci enormement pour ce succulent article.