Putain…
La période est pénible. Je suis lasse de parler de Valls même si, aujourd’hui, son ignominie porte un nom : « Léonarda ». Je souhaite de toutes mes forces qu’enfin, il explose dans sa belle ascension. Qu’il trouve la place qui est la sienne et qu’on lui laisse le temps de préparer la primaire de l’UMP.
Je suis lasse d’expliquer ici à quel point ce PS, dont je n’attendais rien, me dégoûte. Enfin…si, j’attendais quelque chose. Parmi le tas de mensonges électoraux, il y en avait un qui avait retenu mon attention. « La République apaisée ». Parce que la haine et les invectives que nous avions vécues sous Sarkozy ne pouvaient pas, bien sûr, perdurer sous « la gauche ». Tu parles…
Je suis une militante engagée, puisqu’encartée, dans un parti jeune, radical, intransigeant mais cohérent. Pour monter notre liste citoyenne, je rencontre des gens formidables. Syndicalistes, associatifs. Tous solidaires de gens sans visage, sans droit de parole. Les histoires sont effroyables. L’occasion de briser l’idée reçue selon laquelle la misère serait plus belle au soleil.
Même si je ne perds pas de vue cette utopie magnifique que notre action puisse trouver un écho parmi la population, oui, je suis lasse.
Je suis née dans ce pays par hasard. Toute mon enfance a été bercée par les images, les odeurs et la langue d’un autre pays. Je ne sais pas si le dire, l’écrire, est « politiquement correct » mais il me faut bien le confesser, je n’ai aucun sens patriotique. Je ne me « sens » pas d’ici. Je suis issue d’une famille qui a toujours été chassée. Qui a obtenu une nationalité grâce à un décret qui accordait aux « Israélites indigènes de l’Algérie » le statut de citoyens français…
Née dans une ville qui avait pour seul avantage que mon grand-père y connaissait quelqu’un, je n’y vais jamais. Un sacré choix de coeur non ? J’ai grandi dans ce mélange de cultures. J’ai pris dans chacune d’elles ce qui m’arrangeait, ce qui entrait en cohérence avec ce que j’étais, ce que je voulais être.
À quoi ça tient d’être née ici plutôt qu’ailleurs ?
Les années Sarkozy ont commencé à sacrément rogner mon enthousiasme, et c’est avec tristesse que je constate que le début du quinquennat de Hollande ne répare rien. Je suis dégoûtée et j’ai honte de l’image de ce pays. Ici, les plus riches s’enrichissent, les plus pauvres s’appauvrissent. On expulse les étrangers, les précaires. On laisse des gens vivre dans des camps de fortune au bord des périphériques. J’attends, avec une impatience non dissimulée, cette réquisition de logement dont Cécile Duflot se gargarisait. J’attends, dans l’angoisse, que le radical « social » du PS prenne enfin tout son sens. Et rien. Rien ne vient. Je vois les gens qui m’entourent plonger, doucement, dans encore plus de misère. Celle qui se voit physiquement.
Alors que jamais sous Sarkozy je ne l’avais envisagé, parce que nous avions un combat commun, à savoir le dégager de la tête du pays, je me prépare, tranquillement, à aller vivre « à l’étranger ».
Ce gouvernement aura eu raison de ma combativité. Il n’y a pas de pire mélange que le dégoût et la déception. Il a tué jusqu’à la « philosophie » du bien-vivre. Ensemble.
Je constate, avec effroi, que « la gauche » une et indivisible que nous étions sous Sarkozy est devenue une espèce de bouillie immonde. Qu’une partie de cette gauche qui hurlait de l’inhumanité de la politique UMPiste se couche, excuse et par là même, salit le socialisme.
Alors, il ne reste que le mépris. Pour ces gens qui conchient nos combats d’hier. Pour ces gens qui ont laissé leur humanisme aux portes d’un palais. Pour ce manque d’exigence intellectuelle. Pour cette sécheresse du coeur. Pour ce silence qui tient lieu de réponse à nos questionnements et à nos révoltes. Pour la détestation ambiante de « l’autre », de sa différence de couleur, de religion, de mode de vie. Pour ces peurs inoculées qui font de nous des lâches.
J’ai grandi avec l’idée que nous étions un peuple fier. Une terre d’asile.
Je vieillis en regardant ce que nous sommes devenus. La ligne de départ pour l’exil. Pas pour l’argent. Pour des choses que l’on perd parce qu’on nous les confisque. La dignité. La fierté. Une certaine idée de liberté.
5,4 millions de chômeurs. 8 millions de précaires. Le pays des Droits de l’Homme.
Think about it…
Oui ce pays me dégoûte. Ce sentiment qui me glace est né sous un gouvernement socialiste.
Putain…
Un câlin pour toi.
PS : Je le répète encore, tu arrives à mettre des mots sur ce que je ressens, merci.
Merci copine <3. T’auras qu’à venir me rejoindre 😉
Quitter la France, mais pour aller ou ? L’Europe toute entière est aux mains des neolibéraux. L’heure est à la réaction, partout. Je ne vois pas bien où est-ce que l’herbe pourrait être plus verte. Peut-être en Amérique du sud. Mais, je ne suis pas sûr qu’il y ait meilleure situation à aller chercher ailleurs. Moi c’est quand je regarde l’Europe tout entière que je suis las, quand je vois ce qui se dessine tout autour de nous en France comme ailleurs, quand j’entends les copains italiens, allemands, espagnols, grèques, que je suis las.
Merci pour tes mots.
Merci à toi pour ton commentaire. Je ne sais pas si ailleurs l’herbe est plus verte, ce qui est sûr c’est que j’ai l’envie de silence, ce brouhaha me saoûle. On entend tous, au loin, le bruits des bottes, dans toute l’Europe, mais on continue tout droit, dans le mur, en klaxonnant… Grosse fatigue…
Bonjour,
aucun rapport direct avec le billet (dont je partage bien entendu le dégout. Le PS est un parti collabo. Point.)
mais un rebond suite au commentaire précédent de George :
Non seulement l’herbe n’est sans doute pas plus verte ailleurs, mais surtout il n’y a aucune raison pour les laisser gagner indéfiniment les salauds, les ordures, les profiteurs, les ventrus possédants.
Tout ce qu’ils ont, ils l’ont volé !
Alors il faudra bien les obliger à partager, à rendre un peu de ces richesses, bordel !
Malheureusement, mon dégoût ne se limite pas au PS, je n’oublie rien des cinq années hallucinantes de Sarkozy. Je suis à bout d’énergie (mais je ne désespère pas qu’elle revienne ^-^)
à mon avis les plus grands changements ne peuvent avoir lieu qu’au bord du gouffre. C’est triste à dire mais les révolutions n’arrivent que quand les gens n’en peuvent plus (je veux dire encore pire que maintenant) mais c’est aussi pour ça qu’il faut garder espoir.
Et en effet ce n’est pas un problème national, mais semble t-il au moins occidental.
Courage, il y a une chance pour que le malheur soit aussi un tremplin vers un changement radical, c’est notre combat, tu le sais, si tu t’en va, il y aura toujours des Léonarda, et ça te fera toujours souffrir…
Je ne suis pas malheureuse 😉 Je suis dégoûtée, écoeurée, fatiguée.
Que dire ? Sinon que nous la partageons tous cette lassitude, Cet effarement devant ce grand diviseur Hollande qui tente de faire exploser la gauche, les écologistes se regardent en chiens de faïence, au FDG la bisbille est déclarée Au PS beaucoup sont en situation de stupéfaction et avec ça Copé et Valls qui nous feront peut-être une grande coalition comme en Allemagne sur les rêves des étrangers à qui on avait enseigné la France Terre des droits de l’homme.
Alors il y a sans doute des ailleurs pas beaucoup mieux mais ou l’on peut espérer se sentir plus indifférent sans doute
Oui, c’est un peu ça que je recherche, le détachement, le recul, la distance.
Faut pas, Corinne. Faut pas se décourager. Deuxio, la seule attitude est le calme, le recul. Halte au feu. Ce pays va se prendre une raclée.
Corinne, je te l’écris: elle sera collective, à 360 degrés. Méluche, Hollande, tous, un par un. On pourra se disputer sur pourquoi, pour qui, à cause de qui. Mais ce n’est plus l’important. J’ai deux enfants. Pas question de leur apprendre la résignation. Juste la lucidité de leur apprendre qu’il faudra se battre.
La gauche a toujours manqué de sens politique.
Je n’ai jamais été calme. Je suis une méditerranéenne… Je n’ai qu’un chat. Un jour, je le mettrai dans son petit bagage rouge (!!!) et on ira couler des jours tranquilles au soleil. Avec des couleurs. 30° toute l’année. Pis je lirai des livres. Pleins.
Les 360°, ce sera sans moi.
Tout est dit, nos aventures sont toutes différentes mais nos espoirs déçus et notre cruelle rebellions sont les mêmes.
Je suis de la génération de bien avant la tienne – si tu me permets ce tutoiement familier – et d’année en année; de génération en génération, je ne vois toujours que les mêmes abandons et les mêmes reculs….
Plus d’amour, plus d’espoirs, que des régressions …. notre horizon – pas celui d’un pays, non celui d’une façon de civilisation est le même … sans scrupules, sans solidarité, sans espoirs d’humanité.
Partout le même amour de la réussite à tout prix, partout le même détournement du regard de ce que l’on a gêne à voir – quand il nous reste encore cette gêne pour les meilleurs d’entre nous ….
Alors, oui; j’ai toujours eu, et je garde, toujours la même pensée de fuir, non par lâcheté, mais par espoir d’un meilleur demain…. Pas de meilleures conditions de vie, mais de meilleures conditions de coeur…..
Alors oui, partir, partir …., je ne sais ou, je ne sais quand ….
Vais être comme mon héro du Désert des Tartares ?
Non Corinne, il ne faut pas. Pas partir, pas baisser la tête, pas perdre l’envie de se battre. Pas toi.
A l’autre bout, il y a le fric, il est très fort ; il tient tout et on ne peut avancer que si les citoyens le veulent
Les choses ne sont pas faciles, comment faire comprendre autour de nous ? C’est un sale moment mais on va rebondir.
Mes parents me disaient lorsque j’étais enfant « nous non mais vous verrez un jour….. »
Je n’ai pas envie de dire la même chose à mes petits enfants. Je vais continuer à me battre pour le vivre avec eux, ce jour.
Non Corinne, pas de départ, les ailleurs sont ici.
Je t’embrasse.
J’irais au bout, au moins, des municipales (on a une liste, faut pas flancher) mais si je reste, je crèverai d’un ulcère. Trop nerveuse la sudiste 😉
Merci en tout cas pour ce très gentil commentaire. Je t’embrasse aussi <3
Grosse mélasse, en effet. Moi aussi, je trouve que la tige est dure à brouter !
Leonarda et les Chics Types
Partir dans une île au soleil, avec plein de livres ?… Trop de livres!:
J’ai vécu 75 ans, j’ai 4 petits-enfants, plein de bosses de vie, d’espoirs encor’…
LA Poésie m’a été LE phare de toute ma vie, aussi bien en littérature qu’en photos ou en musiques…et surtout en amours et solidarités sociales.
Si je pars une dernière fois (je l’ai beaucoup fait tout autour de la Méditerranée, quoique breton), j’emporterai un seul et minuscule livre : La Chasse au Snark de Lewis Carroll. Qui relate très cocassement et poétiquement l’aventure impossible d’un équipage invraisemblable partant à la quête du bonheur : Le Snark…
Je suis libraire, impossible de partir avec un seul livre 😉
Tu es libraire, Corinne ? Chic, j’en connais… un rayon !! – je le fus un bref temps « héroïque », j’ai tout le temps fréquenté ces lieux chers, et dernièrement, à Saint-Nazaire, la librairie « La Voix au Chapitre » de mon ami libertaire Gérard Lambert. Il a dû fermer la boutique… comme tant d’autres aventuriers de librairies indépendantes…
J’ai actuellement quelques 2000 bouquins de ma X° bibliothèque perso (j’en ai vendu X-1 dans les coups durs), mais elle est occultée par une expo-photo rétrospective de 30 ans d’aventures de photographe fauché. Tu peux en savoir plus sur mon site photo « SurPrises de Vues »:
http://remibegouen.wordpress.com
Mais je maintiens, en poète, que (à défaut de partir avec la BNF) je pars avec « La Chasse au Snark » de Lewis Carroll (texte français de Jacques Roubaud, ed.Ramsay, 100grammes)…
Dis moi où tu vas, qu’on en cause plus longuement, bon vent !
Comme pour d’autres, tu as mis les mots sur ce que je ressens depuis quelques années, depuis que j’ai commencé à m’intéresser à ce qu’il ce passe dans ce pays. Comme toi, j’y suis né, et comme toi je ne ressens aucun sentiment de patriotisme. Comment pourrais-je ? Ce pays, supposé être celui des droits de l’Homme, me fout nausée.. Et encore, je viens de passer un an à l’étranger, un voyage qui m’a fait un peu décompresser, mais je peux te dire que la pression remonte vite.
Bref, je te fais également un câlin de sympathie, si tu me le permet, et ne baisse pas les bras. Nous avons besoin de gens qui se battent, qui ont encore ce courage de se battre, pour faire avancer les choses. Courage et patience.
J’ai grandi avec l’idée que nous étions un peuple fier. Une terre d’asile.
Je vieillis en regardant ce que nous sommes devenus.
Ou bien ce que nous sommes RE-devenus. Je dois être de la même génération, j’ai cru à cette fable de l’exception française. Mais regardons l’histoire de France. En fait ce n’était qu’une parenthèse.
Cette parenthèse, c’était la période purgatoire du national-capitalisme à la française durant les trente glorieuses, période d’euphorie d’après-guerre. Tout le monde était content, les capitalistes pouvaient gagner du pognon dans leur coin pendant que la gauche réfléchissait. Sartre, Malraux, Mitterrand et cie ont fait croire que le France, les droits de l’homme, la république, tout ça tout ça… Mais c’est fini, en 2007 Sarkozy a sifflé la fin de la récré, la droite décomplexée et anti-républicaine est de retour, et la crise est là pour renvoyer aux peuples toutes ses phobies qui le rendent si docile à gouverner..
la France, c’est Hexagone, de Renaud.
le brouillard se dissipe, la droite « républicaine » , cette concession gaulliste, ça a vécu. Et la gauche n’en finit plus de mourir
http://opinions-opiniez.blogspot.fr/2012/05/ci-git-la-droite-francaise-republicaine.html
La France, c’est Hexagone, de Renaud ? Pas seulement !
Je vous invite à lire, et à écouter, la
réécriture géniale qu’en a fait Zebda
Extrait :
« Être né sous l’signe de l’Hexagone
C’est pas le pire en vérité
Va donc voir ailleurs si les hommes
Ont voté pour l’égalité »
Perso, je préfère.
Ben oui, la récrée est finie ….., la droite plus que décomplexée, arrogante et suffisante est là !
Ben oui, mais nous certains, beaucoup, de plus en plus, qui sommes prêts à nous battre; et le feront.
Perso, je crois en Mélenchon, et j’attends la fin de sa réflexion pour nous dire la voie qu’il aura choisi après la trahison de PC75,
Et puis; il y en a d’autres qui vont réagir, ceux qui écoute « la bas si j’y suis » de France Inter, tous ces résistants, ces rêveurs qui ne veulent pas de cette vie et de leurs morgues.
Nous ne les laisserons pas sans combattre …..
Mon comm semble effectivement un peu pessimiste et défaitiste, mais c’est avant tout pour ne pas souffrir inutilement en s’accrochant désespérément à nos erreurs d’appréciation. On part de loin, autant ne pas se voiler la face, ça permettra de se fixer des objectifs plus accessibles pour que des petits succès nous remettent sur une dynamique positive…
Je reste motivé je vous rassure..