Pragmatique un jour…
Voici que de plus en plus, il semblerait qu’à gauche de l’UMP, le clivage se fasse sur un sujet brûlant : « le pragmatisme ».
Comme je suis quelqu’un de consciencieux, je suis allé voir dans le Larousse, ce que pragmatisme veut dire. Deux définitions sont acceptées :
- Doctrine qui prend pour critère de vérité le fait de fonctionner réellement, de réussir pratiquement.
- Attitude de quelqu’un qui s’adapte à toute situation, qui est orienté vers l’action pratique.
Jouons franc jeu, pour ce billet je vais utiliser la deuxième. Pour deux raisons :
- Parce que ça m’arrange (je suis gauchiste moraliste quand même hein, donc de mauvaise foi)
- Parce que je n’aime pas l’idée dans la première définition de ne réussir que « pratiquement ». (non je ne joue pas sur les mots.)
Donc selon les situations, on pourrait modérer ses valeurs et principes, en fonction du résultat à atteindre. C’est drôle (ou pas) mais ça me fait penser à notre gouvernement actuel. On se fait élire sur de beaux discours, des valeurs historiquement de gauche, des envolées lyriques, des anaphores inspirées (oui je parle du Bourget)… mais finalement on gouverne au centre, en petit-bourgeois, c’est aussi ça le pragmatisme.
Le pragmatisme en fait, c’est la somme des petites concessions quotidiennes que tu peux faire pour finalement te dire que c’est moins pire aujourd’hui que ça ne l’était hier. Le pragmatisme c’est respectable (ou pas), mais ça correspond bien à notre époque.
Mais le pragmatisme ça peut aussi être un reniement. Parce que le pragmatisme ça revient à s’adapter à la pensée dominante dans laquelle on évolue. Prenons un exemple au hasard : François Hollande (oui, c’est un pur hasard, il passait par là) :
- Donc le pragmatisme c’est d’annoncer la mise en place d’un abattement exceptionnel pour 2014 sur les plus-values de cessions immobilières, alors que la France comptait, en 2010, 4,8 millions de pauvres si l’on fixe le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian et 8,6 millions de pauvres si l’on utilise le seuil de 60 % du niveau de vie médian (quoi le SMIC, t’es pas fou des fois ?)
- Le pragmatisme c’est de dire qu’on soutient un Pdg d’une entreprise, dont l’État est actionnaire, mis en examen pour « escroquerie en bande organisée ».
- Le pragmatisme c’est dire que parce que l‘on vit plus longtemps, on peut travailler plus longtemps (alors que justement c’est parce qu’on travaille moins qu’on vit plus longtemps).
- Le pragmatisme c’est dire qu’on est contre le traité transatlantique alors qu’en fait on est pour.
- Le pragmatisme c’est dire qu’on va encadrer les salaires des patrons alors que pas du tout.
- Le pragmatisme c’est aller manger des merguez sur le toit d’un Express alors qu’on va fermer une usine quelques mois plus tard.
- Le pragmatisme c’est faire une loi sur la transparence puis en fait non.
Le pragmatisme en politique c’est finalement assez flou. Ça dépend de si tu es dans l’opposition ou non. Et encore. Ça dépend surtout de jusqu’où tu es prêt à brader tes valeurs.
Je crois que finalement, ce qui sépare aujourd’hui la gauche de gouvernement de la gauche que cette dernière qualifie de « morale », c’est la capacité de chacune à accepter, ou non, le moindre mal comme horizon politique.
Pour finir, si l’on pouvait décerner une palme du pragmatisme, elle irait certainement à Karine Berger.
« La députée a qualifié la politique de François Hollande de « très pragmatique » et rappelé l’objectif du gouvernement: « un retour à une justice sociale qui est très attendue ». Karine Berger a notamment pris pour exemple du « social-pragmatisme » la question du droit de vote des étrangers aux élections locales. »
Oui. Vous avez bien lu. C’est issu d’un communiqué officiel. Le pragmatisme c’est aussi ça : dire des choses qui finalement ne se feront pas. Parce que finalement, ce n’est pas pragmatique de promettre le droit de vote aux étrangers…
Citation bonus :
« Au jeu des définitions, je dirais que je suis un socialiste moderne, pragmatique et amoureux de la liberté » – Laurent Fabius en 1985.
Mots-clés : vocabulaire
est ce moderne ?
Le pragmatisme ?
Sur un seul mot tu as tout déroulé/développé ; bravo.
Tu tires à combien ? On distribue.
Merci !
La nouvelle stratégie de communication des chiens de garde ou garde rapprochée pour excuser le non application des mesures clefs du programme socialiste sous couvert de Hollandisme scandées lors du Congrès du Bourget est le pragmatisme. Au vu de l’année écoulée il semble que Monsieur le président se rende compte que la pratique du pouvoir est bien difficile et qu’il ne suffit pas de lire et de prononcer un discours la veille d’une élection présidentielle pour être reconnu et tendre vers ce pourquoi on a été élu et par la même satisfaire son électorat.
Si l’on se réfère à la 1er définition du mot Pragmatisme et si l’on définit la Doctrine Hollandiste comme tel, force de constater que Monsieur Hollande est loin d’être pragmatique, son programme tout du moins, car il semble que le gouvernement a du mal à le transcrire dans les faits, a du mal à le mettre en pratique, à le rendre réel . Alors partant de ce constat, une question me vient à l’idée, une question que j’aimerais lui poser.
Monsieur le Président pourquoi avoir élaboré ce programme alors que vous saviez entre fort intérieure que vous ne pourriez pas le mettre en pratique ? Mais c’est vrai vous êtes un homme politique qui souhaite devenir Président de la République. Et force de constater que souvent les hommes de pouvoir font tout le contraire de ce pourquoi ils ont été élus. Et c’est souvent le cas lorsqu’il s’agit d’hommes de gauche.
Alors Monsieur le Président ?
Seriez vous naïf… ?
Une inexpérience inavouée du pouvoir, (excusé comme un mauvais élève), par un pragmatisme façon Hollande qui se traduit par la volonté de s’adapter aux contingences extérieures, à ce monstre qu’est le Néo libéralisme.
Un manque de volonté
Un manque de réalisme
Un manque de courage
Ou tout simplement une stratégie électoraliste. Je suis d’autant plus déçue que je pensais qu’à ce sujet vous étiez différent. Naïve je le suis…
Comme vous l’avez dit lors d’une intervention télévisée Rendez vous dans 4 ans pour faire le point sur votre mandat. A bon entendeur parce que pour le moment ce n’est pas terrible mais pas terrible du tout…. Médiocre je dirais !
La France le royaume de la médiocrité !!! Je ris et j’en pleure #farceetattrape !
NB : Je fais partie de la médiocrité et j’assume ! Médiocre par ma naïveté …
à Karine Berger la palme du pragmatisme …. mais sûrement pas de la modestie !
Pingback : Grignotage, par @CathyHope2 | Babordages