Babordages

Pendant qu'ils ne cherchaient pas d'alternative, nous pensions à un #PlanB.

Leur cauchemar est notre rêve

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C’est arrivé. Enfin. Alexis Tsipras est le nouveau premier ministre grec. Alexis Tsipras partout. La joie, sans mesure, d’un peuple de gauche qui désespérait. L’espoir, enthousiaste, d’une contagion européenne. Nous avons suivi tous leurs combats, toutes leurs victoires. Alors oui, la victoire de Syriza est un peu la nôtre.

Je me souviens de la dernière fois où j’étais allée user mes souliers sur les chemins terreux de ma petite île d’amour des Cyclades. Quinze jours d’émerveillement. Ma destination favorite. Cinq séjours et jamais déçue. Lors du dernier, alors que nous attendions le bateau, sans crier gare, l’émotion m’étouffait. Moi qui ne me sentais de nulle part et donc de partout, j’avais reconnu cette île comme mon abri. En partir me serrait le coeur. Alors, l’espoir et le vœu non solennel, que, peut-être, qu’un jour, je viendrai y poser ma valise définitivement. Et, avec cette victoire de Syriza, l’envie qui se fait plus pressante. Alors, oui, plus qu’ailleurs, cette victoire de Syriza est un peu la mienne…

 

La couverture médiatique et politique de cette élection est à la fois hallucinante et stupéfiante. Je ferais l’impasse sur le catastrophisme de Quatremer qui, s’il avait eu un éclair d’intelligence, nous aurait désarmés. Impasse aussi sur la soudaine conversion du PS qui, bien qu’appliquant une politique à l’exact opposé du programme de Syriza, est fou de joie. Le déni et la schizophrénie du PS sont aujourd’hui une constante.

Dans ta télé et ta radio, on ne parle de Tsipras que comme le « leader charismatique » de la gauche radicale. Je reconnais qu’il l’est un peu plus que Merkel, mais c’est ce que sous-entend cette formule qui dérange. Le charisme laisse souvent entendre que cet attrait a plus à voir avec de l’émotionnel, que la raison est absente de l’adhésion. Un peu comme les gourous tu vois… Ainsi, l’enthousiasme des gauchistes aurait peu à voir avec un programme politique qui nous conviendrait mais plutôt avec la magie du côté belle gueule d’Alexis, sa jeunesse, son anticonformisme (rends-toi compte, il ne met pas de cravate !!!). Bref, comme d’habitude, on est un peu cons, nous, les gauchistes… Nous continuons à idolâtrer des icônes sanguinaires, c’est dire …

Dans les critiques les plus récurrentes, le nombre de femmes, très faibles. Six figurent dans ce nouveau gouvernement. Dans celui de Samaras, il n’y en avait qu’une, au tourisme. Mais on s’en fout, faut taper. Que la figure de proue féminine soit Rena Dourou (députée depuis 2012 de la plus grande région grecque, l’Attique, dont on dit qu’elle est le double féminin de Tsipras) n’a aucune espèce d’importance. Faut taper. Que la présidence du Parlement revienne à Zoé Konstantopoulou, on s’en fout, faut taper.

En deuxième position du blabla ambiant, cette alliance contre nature avec ANEL, les Grecs Indépendants. Des xénophobes. Des racistes. Des homophobes. Alors, oui, nous n’avons pas sauté de joie. Les journalistes ou blogueurs Grecs ont beau dire qu’il faut relativiser, qu’ANEL n’est pas Aube Dorée, ça ne change rien. On s’en fout, faut taper. Aube Dorée, des nazis, était au gouvernement Samaras. Ça les a gênés tous ces nouveaux experts ? Pas du tout.

L’élection de Tsipras est aussi, avouons-le, une bonne occase pour se faire Mélenchon. On ne va pas se priver de ce petit plaisir, pensent-ils. Et d’en faire des kilos sur la « récupération » de la victoire de Syriza. De se gausser de la joie de Mélenchon, « il faut lui dire que ce n’est pas lui qui a gagné ». Les cons… Que Syriza siège au parlement européen avec le PGE est LA raison suffisante pour que, oui, nous nous accaparions cette victoire. Mais on s’en fout, faut taper.

Au fond, cet acharnement d’un ridicule achevé masque mal la raison principale du « faut taper ». Soudain, arrive en Europe, dans ce pays où tant d’entre eux allaient se goinfrer de tzatziki en plein mois d’août, à Santorin ou Mykonos, un rouge. Un dingue qui a fait toute sa campagne sur le fait que la Troïka est responsable de l’appauvrissement du pays. Un dingue qui ose dire à l’Allemagne qu’elle ne fera plus la loi chez eux. Il y a donc urgence à le décrédibiliser, à le ridiculiser, à minimiser sa victoire liée à un programme, d’où le « charismatique ». Tout un peuple de midinettes qui aurait succombé au sourire du nouvel éphèbe grec.

Parce que, tu te rends compte, s’il réussissait ? Ils auraient l’air de quoi tous ces nazes qui se piquouzent à TINA ? Contrairement à eux, dont l’observation politique ne dépasse pas les frontières de l’Europe, nous savons que c’est possible. Parce que nos yeux à nous sont depuis longtemps tournés vers l’Amérique Latine (où que tu sois Pepe Mujica, je t’embrasse. Tendrement). Si, enfin, la Grèce sortait de cet enfer, ce miracle aurait été accompli par un rouge !

Partout, dans ta télé et dans ta radio, tu entends que Tsipras, afin d’obtenir la victoire, a baissé la garde et remisé une bonne partie de ce qui faisait la substantifique moelle de Syriza. Notamment, exit, la sortie de l’Europe. Un vendu ! Que, de toute façon, il n’appliquera pas son programme. Que, c’est bien connu, les Grecs sont des fainéants qui ont fraudé l’Europe depuis leur entrée. Ce n’est, bien sûr, aucunement de la responsabilité des escrocs corrompus depuis toujours de l’oligarchie du Pasok et de Nouvelle Démocratie. Non, rien à voir… Les cons…

Ce nouveau gouvernement est composé de gens qui savent de quoi ils parlent avec un message clair : sortir de l’austérité, lutter contre la corruption, réparer les injustices. Alors bien sûr que je vais continuer à suivre cette actualité avec assiduité et espoir. Et pas seulement parce que Yanis Varoufakis retient plus particulièrement mon attention…#Ahem

La mer ne s’est pas ouverte devant Alexis Tsipras ce 25 janvier. En revanche, il y a une brèche qui, si tout continue d’aller bien, devrait arriver en Espagne pour soutenir positivement Podemos. Y en aura-t-il une en France ? Personne ne le sait. Ce qui est arrivé jusqu’à nous, qui nous habite de nouveau, c’est l’espoir. Et ça, c’est énorme…

NDLA : Je voudrais tout particulièrement remercier @OlivierDrot , @smykos et http://www.okeanews.fr/ pour leurs informations précieuses, de l’intérieur, et avec une connaissance qui n’est pas née hier.

 

 

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corinneperpinya

À propos de corinneperpinya

Adepte du parler cru et dru ce qui n'empêche pas une certaine poésie. Colèrophile patentée, j'avance telle la pasionaria, mon petit poing levé. Je suis un troll (ou une crétine) du PG. Comme il se doit, je mange les enfants (mais pas trop c'est indigeste). En attendant la révolution citoyenne, je fais des @mursdescons pour les envoyer au goulag. Mon héros est Jean-Mimi Aplatie, chef du bureau des #journalistesassis. Un sacerdose. En bref, j'ai terrorisé Edwy Plenel, tu comprendras qu'il ne faut pas me chatouiller, je suis très réactive. #mouarf

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