Babordages

Pendant qu'ils ne cherchaient pas d'alternative, nous pensions à un #PlanB.

Le baluchon ou le combat

Ainsi c’est arrivé. Quiconque s’intéresse à la politique, citoyen lambda, journaliste, adhérent ou militant, ne peut faire comme si c’était une surprise. Comme le disait Jean-Luc Mélenchon :

On me permettra au moins un instant qu’on ne fasse pas semblant de se dire que tout continue comme avant, car en vérité rien ne continuera comme avant.

Avec 25 % des suffrages, le FN, même si je ne me résous pas à l’idée qu’il soit le 1er parti de France comme le claironnent tous les médias, a franchi un cap. Un parti qui durant toute la campagne a craché sur l’UE, dont jusqu’alors, les élus ne servaient à rien à Bruxelles, passe de 3 députés à 24…

J’avais déjà exprimé mon opinion sur le vote FN. Ce pays est devenu sourd, aveugle et abattu par les déceptions à répétition. Quand les républicains fuient les urnes parce que trop c’est trop, le FN composé de décérébrés disciplinés va voter en masse et se mobilise.

Manuel Valls nous annonce qu’il ne veut pas changer de feuille de route. Pour Le Guen, « La victoire du FN ? Aucune conséquence autre que symbolique… » Pour l’Élysée « Le phénomène observé en France n’est pas un cas isolé, le populisme progresse dans tous les États européens. »

Qu’est-ce que tu veux faire avec des abrutis pareils ?

Alors, affalé sur ton canapé, tu regardes ces résultats, consterné. Nous avons le choix. Ces élections passées, nous avons un peu de temps devant nous pour stopper l’ascension du FN. Et la manière de le faire doit être radicale. Aucune formation politique ne doit s’estimer en position de s’exonérer de sa part de responsabilité.

Le PS n’est plus la gauche et il faut en finir avec ce mensonge. L’UMP doit redevenir un parti de droite digne et républicain. Le Front de gauche doit s’interroger, puissamment, sur une stratégie qui, à mon grand désespoir, échoue à rassembler. Je le dis avec d’autant plus de douleur que c’est ce moment que je choisis pour quitter le Parti de gauche, dégoûtée par la campagne des Municipales. Je le dis avec d’autant plus de douleur que c’est dans le Front de gauche que je retrouve l’essentiel de mes rêves et utopies. Je le dis avec d’autant plus de douleur qu’au soir de ces élections, Jean-Luc Mélenchon a encore été le plus lucide, le plus sincère et le plus émouvant pour commenter ces résultats. Un jour, je veux croire que cet homme sera enfin reconnu à sa juste valeur.

La situation n’a jamais été aussi grave. Le FN s’inscrit tranquillement dans le paysage politique, dans les médias, où la fange la plus moisie de ses idées à table ouverte sur les plateaux télés. Qu’une Léa Salamé annonce sur Itélé « Beppe Grillo, le Mélenchon italien », qu’elle nous déclame comme l’inculte qu’elle est que « Zemmour a gagné ce soir », démontre à quel point les approximations, les peurs inoculées pour faire de l’audience, la présence quotidienne d’un membre du FN sur toutes les chaînes, participe à ce score. Parce que bien sûr que l’on pourrait rêver que tous ces abrutis associés et responsables, dans leur boulimie de factchecking, s’attaquent à la pourriture intrinsèque de ce parti. Mais ils sont cons et incapables au point de s’être persuadés que « le FN avait changé » alors que c’est LEUR traitement qui a changé.

Le parti de la fille de son père reste le parti de la haine.

En marge de ces résultats, nous sommes en droit de nous interroger sur la « stratégie » du gouvernement (bien que je ne peux pas croire une seconde qu’une stratégie existe, tant son allégresse à nous conduire avec violence dans le mur devient de plus en plus évident…).

Aujourd’hui, sans une prise de conscience brutale, ce qui se profile pour 2017 est bel et bien un second tour UMP-FN. Le PS, depuis 2 élections est le 3e parti. Nous ne cessons de dire depuis des mois que ce gouvernement tue la gauche. Toute la gauche. Aucune élection ne nous dément.

Ils ont donné à ce pays une configuration gerbante. Que tous les journaux européens titrent sur la victoire du FN est notre honte et leur faute. Et ils le paieront. Cher. Encore plus cher.

Cette France n’est pas la nôtre. La nôtre est plurielle, métissée, à l’avant-garde, toujours, de l’intelligence et des droits humains.

La politique de François Hollande engendre un monstre. Il nous reste 3 ans pour le combattre, pour l’abattre. Dans le bruit et la fureur parce qu’il n’y a pas d’autre réponse que de rendre coup pour coup.

Je suis prête.

 

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corinneperpinya

À propos de corinneperpinya

Adepte du parler cru et dru ce qui n'empêche pas une certaine poésie. Colèrophile patentée, j'avance telle la pasionaria, mon petit poing levé. Je suis un troll (ou une crétine) du PG. Comme il se doit, je mange les enfants (mais pas trop c'est indigeste). En attendant la révolution citoyenne, je fais des @mursdescons pour les envoyer au goulag. Mon héros est Jean-Mimi Aplatie, chef du bureau des #journalistesassis. Un sacerdose. En bref, j'ai terrorisé Edwy Plenel, tu comprendras qu'il ne faut pas me chatouiller, je suis très réactive. #mouarf

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15 avis sur “Le baluchon ou le combat

  1. JEANNEDAU

    JLM Nous sommes nombreux atterres comme toi et prêts à continuer le combat Corinne.
    Une seule possibilité pour gagner du terrain et éviter le FN en 2017, un FDG qui a vocation à s’élargir mais dans le respect de chacune des composantes, celles qui existent et celles que l’on espère.

    Pas de sectarisme, pas de gourou . J’espère qu’en haut lieu ils sauront mettre à plat et tirer le meilleur parti des forces en présence et non se déchirer comme ça a été trop fait. Respect, les égos au placard.

    Comment pourrait-on nous rejoindre autrement ?

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    • corinneperpinyacorinneperpinya Auteur

      Tu sais a quel mon scepticisme est grand sur la remise en question… De grosses et graves erreurs ont été commises sur ces 2 élections. Ici, nous sommes si nombreux à déserter. La fatigue, tout ce mépris laisse des traces. Je ne vois pas l’ombre d’une stratégie cohérente… Mais je suis attentive a tous les signes…

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  2. Nitro_Politic

    Nos politiciens professionnels n’ont aucun courage.
    Ils attendront donc bien tranquillement un dérapage raciste de Marine Le Pen, à la Jean-Marie, repris par l’ensemble des médias, pour réagir.
    Sinon ils laisseront couler, en priant pour que le vent du boulet des prochaines législatives emporte leurs collègues mais pas eux. Comme un Hollande qui attend la croissance, Rebsamen la baisse du chômage, Montebourg Matignon ou Valls l’Élysée.

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  3. JohnGwendal

    On en est au stade ou il faut déclarer radicalement la guerre aux libéraux (UMP, centristes, une bonne moitié du PS) pour s’imposer comme la meilleure opposition. C’est le seul moyen de contrer le FN.

    S’attaquer au FN en tant que tel ne sert à rien, il mutera juste ce qu’il faut pour esquiver nos piques, comme d’habitude. C’est bien le positionnement vis à vis des libéraux, hollande en tête, qui doit jouer. On voit d’ailleurs qu’au PE, au niveau européen, les perdants sont les libéraux, toutes les composantes non libérales (au moins dans les mots) progressent, à droite et à gauche.

    EN face, ils manipulent et ils mentent. Même si on a la vérité pour nous, il faut arrêter d’être timides et leur rentrer violemment dans le lard, et ce EN PERMANENCE. Poser des critique d’une virulence extrême, tout en développant un contre-projet qui semble raisonnable.

    Et surtout, aller à la rencontre des gens, partout : chez eux, au travail, sur internet. Stop aux affiches et aux tracts mous et incompréhensibles, il faut taper le porte à porte et les ressorts du web (occupation du terrain, vidéo, réseaux sociaux spam sur les sondages et les forums…)

    Bref, adopter nous aussi un régime de combat culturel, en ayant bien en tête que se joue notre survie.

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    • corinneperpinyacorinneperpinya Auteur

      C’était précisément à ça que je pensais. Le travail est énorme. Et ça va être long même si nous avons peu de temps.

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  4. André Rougier

    Touché, ému au-delà de ce que les mots savent dire par ce coup de coeur, par cet appel riche d’échos. Le combat que vous évoquez est mien depuis 48 ans, j’y suis toujours prêt, et j’en serai!
    Mais pas n’importe comment, pas aux côtés de n’importe qui…
    Mon blog étant infiniment moins lu que le vôtre, et une discussion sérieuse ne pouvant s’engager qu’en toute connaissance des DEUX points de vue, je vous mets en lien ma propre réaction à chaud au sombre 25 mai 2014: http://andrelbn.wordpress.com/2014/05/26/le-25-mai-2014-ce-qui-ne-va-surement-pas-sans-dire-mais-tellement-mieux-en-le-disant/

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    • corinneperpinyacorinneperpinya Auteur

      Merci pour votre commentaire. J’irai, sans faute, lire votre billet quand mon nomadisme me ramènera à la maison 😉

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  5. Matthieu Bloch

    Belle lucidité. Je pense que c’est parce que les pro-FN se sont mobilisés pour ce scrutin et que nos électeurs ne se sont pas rendus aux urnes. Il n’y a qu’a voir la participation dans les villes de la ceinture rouge de paris. C’est clairement décourageant. J’ai vraiment l’impression que nous avons atteint le degré 0 de la conscience de classe. Nous n’avons plus du tout un rapport au peuple aussi fort que les cellules communistes du passé. Nous n’avons plus ces moyens de diffusion, de sociabilisation, de politisation. Bref.
    Toutefois je ne crois pas a un avenir sans le front de gauche. Je pense qu’il va falloir changer de stratégie, en composant avec le NPA et également les partis sans conscience de classe (nouvelle donne, EELV). Siryza, izquierda unida, nous montrent la voie.
    Si ce n’est pas indiscret, j’aimerais savoir pourquoi tu quittes le PG ? Quelles alternatives pour continuer la lutte ?

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    • corinneperpinyacorinneperpinya Auteur

      Assez d’accord avec toi sur le rassemblement. Pour mon départ du PG, l’histoire est longue 😉 pour résumer, PG local complètement à l’ouest et stratégie sur les Municipales incompréhensible. En gros, on ne peut pas un jour dire blanc et le lendemain noir. Enfin, en ce qui me concerne, la cohérence, ça a du sens…

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  6. Ben

    ERREUR fatale que de croire les électeurs du FN décérébrés… Ça nous conduit à une position de juges, superieurs et donc, imperceptiblement condescendants à leurs yeux. C’est à mon sens l’un des plus grands dangers aujourd’hui… le FN se nourrit de cela et devient chaque jour un peu plus fort.

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  7. UBL

    Considérer qu’il suffit d’expliquer aux gens qu’ils n’ont pas compris, c’est déjà se planter à la base.
    Qui veut encore entendre des explications, des discours de la part de ces types tellement plus malins que les autres ? Pas moi en tout cas.
    Je ne veux pas des promesses, je veux des faits, quand je verrai le chômage baisser réellement, le pouvoir d’achat remonter, quand je serai enfin l’esprit tranquille quant à savoir si j’aurai encore un boulot dans deux ans, alors je soutiendrai celui qui à fait ça. Quel que soit son parti.
    En attendant je n’irai pas voter, car absolument tous les clowns qui pleurnichent aujourd’hui sont responsables, à force de mensonges, de corruption.
    D’ailleurs, ce n’est pas l’abstention qui à fait les 25% du FN, car elle est plus faible aujourd’hui qu’en 2009, c’est la gauche, qui s’est effondrées alors que le FN à fait 4 fois plus. Les électeurs de gauche sont bien allés voter, mais après s’être fait entuber par Hollande, ils ont voté pour le FN, et tant que ceux qui veulent des solutions n’accepteront pas cette vérité, ils continueront à se planter.

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  8. Francesquaw

    Je vis ds un pays où le vote est obligatoire et vu les résultats en France, je me dis que ce n est pas un dispositif idiot .. Intéressante votre réaction, mais je vois comme une contradiction à se dire fatiguée, prête à quitter le PG .,. Et appeler à une action critique radicale ininterrompue pour préparer 2017. Depuis des lustres, la question est, me semble- t il, comment réinventer des partis-outils capables de fédérer les luttes avec un fonctionnement démocratique et non une logique d appareil? Comment organiser politiquement les mouvements d indignés comme on en a vu en Turquie, Espagne, Portugal, Québec, Chili ces dernières années? Bien à vous, en espérant que votre colère soit transformatrice. P. S: le recours aux jugements tels que  » décérébrés » est auto- aveuglant.

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    • corinneperpinyacorinneperpinya Auteur

      Quelle contradiction ? Tout ne passe pas par les partis politiques, au contraire même…
      PS: le recours aux PS pour dire ce qui est bien ou pas, me fais rigoler. Je considère que ce sont des décérébrés, alors je le dis. C’est assez simple au fond.

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