L’austérité tue

Je n’ai jamais trop aimé les chiffres. Déjà au lycée, les intégrales, les limites, les fonctions, les théorèmes du gendarme… m’emmerdaient terriblement.

Je ne sais pas si tu savais, mais on en est là où on en est à cause des chiffres. A cause d’économistes, qui se prenant pour des alchimistes, ont crée une sorte de monstre, un monstre nommé austérité.

Tout a commencé en mai 2010. Deux alchimistes de Harvard, décident de publier un article : « Growth in a time of debt » [La croissance en période de dette]. Des articles économiques sont publiés tous les jours me diras-tu. Tu as raison. Mais voilà, cet article en question va rencontrer un certain succès auprès des « décideurs ».

Dans cet article, nos chers alchimistes développent la thèse suivante : « la croissance d’un pays s’effondre si son endettement dépasse 90% de son PIB ».

Aussitôt, les partisans de l’austérité (que nous nommerons austériens), les dirigeants européens, Sarkozy, Merkel, Trichet, Barroso, Hollande…s’emparent de leurs travaux pour justifier leur politique. (Tu vois le truc arriver hein ?)

Bon. Une fois qu’on a dit ça, on voit qu’il y a deux choses à analyser :

1. Quel impact a l’austérité sur les peuples ?
2. Comment UN article, a priori basé sur pas grand chose, a pu être si largement et si rapidement adopté par les tenants de la pensée unique libérale ?

Commençons par le point 1 dans ce billet. (certains ici feuilletonnent, j’ai le droit également. Non mais !)

Donc, ayons une vision périphérique (certains nous reprochent le contraire). Qu’impliquent les conclusions de cet article sur notre quotidien et celui de nos contemporains ?

Sur la santé, l’austérité est une catastrophe.

Le taux de suicide a augmenté de 26,5% en Grèce en un an. voilà. La corrélation entre chômage et suicide est observée depuis le XIXème siècle (dans ta face Marcela Iacub). Si la récession ne justifie pas la totalité de l’augmentation du taux de suicide, David Stuckler et Sanjay Basu, estiment dans leur ouvrage, à 4 750 le nombre de décès « excédentaires » survenus entre 2007 et 2010 (l’austérité tue, littéralement).

La politique budgétaire (suggérée par l’article de nos deux amis. – Tu commences à saisir l’arnaque n’est-ce pas?- ) peut être une question de vie ou de mort. On peut le constater ici : ici, ou encore là ou là.

Le plus « drôle » dans tout ça, c’est que la Grèce, l’Italie, ou l’Espagne ont tout bien fait comme le disait l’article de nos amis, et donc la Troïka : ils ont taillé dans les dépenses publiques (surtout de santé et de protection sociale).

La Grèce a ainsi diminué son budget de santé de 40% depuis 2008 > 35 000 médecins, infirmières et autres professionnels de santé ont perdu leur emploi > les délais pour avoir un rendez-vous chez le médecin ont explosé > le prix des médicaments s’est envolé. Résultat : le nombre d’admissions dans les hôpitaux publics (qui ont 35 000 professionnels de santé en moins donc -essaye de suivre un peu-) a augmenté. La mortalité infantile a augmenté de 40%. Les nouvelles infections au VIH ont plus que doublé. Le paludisme est de retour (il avait disparu dans les années 70)…

Mais rassure-toi, les dépenses publiques, elles, ont bien diminuées. Ouf…

Tous les pays ne sont pourtant pas logés à la même enseigne me diras-tu. Oui. Bizarrement (ou pas), les pays qui ont un « filet social » comme la France ou l’Islande (qui a morflé grave pourtant) résistent mieux. Oui mais il y a une raison pour ça : aucun islandais n’a perdu sa couverture santé, ni l’accès aux soins. Pourquoi ? parce que le gouvernement islandais a consulté son peuple pour savoir s’il devait s’écraser face aux exigences du FMI ou rembourser sa dette petit à petit… (et devine ce qu’il a dit le peuple ?)

Sur la santé, donc nous voyons que l’austérité est une impasse. Voire même un crime contre l’humanité. C’est déjà une honte. Mais ce n’est pas tout. Nous verrons ça plus tard…

Mots-clés : Austérité