L’angoisse de la page blanche
J’ai répété à l’envi au fil des précédents épisodes du #LeFeuilleton que le #PlanB était une page blanche sur laquelle il convenait de gribouiller un nouveau modèle de société avant qu’il ne soit trop tard.
En tant qu’artiste, je connais bien trop intimement l’angoisse que peut susciter la page blanche, réelle ou métaphorique, et je comprendrais aisément qu’elle t’angoisse également un peu (voire beaucoup) dans le contexte qui nous occupe ici.
Je comprendrais tout aussi aisément qu’à ce titre, elle aille même jusqu’à constituer à tes yeux un repoussoir, une preuve de manque de sérieux, de réalisme, de substance, de CONCRET.
Car la nature a horreur du vide.
Mais en rêvassant sous mon pommier de vacances, j’ai réalisé un truc (que je savais déjà, mais que je n’avais pas envisagé sous l’angle qui fait l’objet de cet épisode et que je vais maintenant essayer de t’exposer).
Partons de la déprimante constatation que la droite a remporté la bataille des idées. Depuis Ronnie et Maggie, puis la chute du Mur, c’est elle qui dicte les termes du débat : économie, fiscalité, commerce, immigration, etc.
Or, de nombreux intellectuels de gauche (et de droite, si ça existe #huhuhu) estiment que cette victoire idéologique de la droite par K.O. est imputable en grande partie à la paresse et/ou la tétanie des intellectuels et formations de gauche, qui désemparés, perdus et sans boussole, n’ont pas été capables de bâtir ou d’articuler ou d’incarner ou d’assumer une identité, une idéologie ou une vision alternative.
Si ce constat peut sembler sévère, regarde ce qu’a fait la gauche de gouvernement, ici, en Allemagne, en Angleterre, en Espagne, en Grèce et ailleurs.
Faisant effectivement l’économie de toute réflexion ou imagination, s’insurgeant opportunément contre les mesures de son adversaire lorsqu’elle est dans l’opposition, elle les embrasse et les met en œuvre lorsqu’elle accède (miraculeusement) au pouvoir, à quelques nuances près, souvent limitées au champ sémantique, au nom de la responsabilité, du sérieux, de la realpolitik, parfois même avec le zèle du nouveau converti (hein Gerhard et Tony ?).
Dès lors, si on veut bien y regarder à deux fois, on s’aperçoit que toutes les droites et l’extrême gauche ont une idéologie, une identité et une boussole bien définies et pleinement assumées.
Restent la gauche libérale, de gouvernement, de l’offre, que nous appellerons par commodité #LaGroite (parce que c’est plus court et plus rigolo que « droite complexée » et moins mensonger que « Parti Socialiste »), et la « gauche de gauche » que nous appellerons, pour faire court, #LaGauche.
Comme je l’ai suffisamment martelé, #LaGauche (partis, associations, intellos) gribouille tant bien que mal sur la page blanche du #PlanB, et nous avons vu qu’elle y a inscrit des tas d’ébauches et de plans prometteurs, parfois déjà assez fouillés, qu’elle soit mue par l’indignation, l’imagination, ou même simplement par l’urgence, afin de dévier le bolide avant qu’il ne se fracasse sur le mur (en klaxonnant).
Tandis que #LaGroite a tout copié.
Sur son voisin de droite.
Elle aurait pu copier les gribouillages de son voisin de gauche, mais elle avait sans doute peur d’avoir une moins bonne note.
Toujours est-il qu’elle a copié, pour la simple et triste raison que #LaGroite est en réalité la seule, comment dire, mouvance politique dont la page est elle, pour le coup, intégralement et désespérément blanche.
Bonjour l’angoisse.
Mots-clés : la groite, LeFeuilleton, PS