La Valls à 5%
Régulièrement, à la lecture de l’actualité, il me prend l’envie furieuse d’aller me réfugier dans une grotte, de partir à la rame sur une île déserte, bref de dégager du paysage. Alors oui, je sais, je peux tout éteindre, télé, radio. Utiliser les journaux pour nettoyer mes vitres. Ne pas allumer mon ordi hors de prix. Ouais, je peux le faire. Paradoxalement, pour ma santé mentale, je m’abstiens de ce genre de mesure radicale. Devenue, par conviction, asociale, me couper de tout me rendrait dingue. #OhWait…
Et puis, parfois, je sens que ma gorge ne laisserait même plus passer un grain de riz tant les nouvelles sont suffocantes. Dans le bréviaire stupide que Paul Bismuth Ramirez a imposé dans notre vocabulaire, nous trouvons, en tête de gondole « Je brise les tabous ». Il nous a tellement saoulés avec ça qu’aujourd’hui, on passe notre vie à « briser des tabous ».
– Je continue à manger de la viande (enfin en début de mois, après, tu reviens à tes nouilles, les meilleures amies de la précarité), bien que les vegans viennent me foutre sous les yeux la photo de cet adorable veau qui vient de naître qui va finir cuit à point dans ma poêle.
– Je continue à fumer (l’Espagne est si proche…) bien que mes potes, anciens fumeurs, me racontent en détail l’agonie de tonton Robert, mort l’année dernière avec des poumons aussi gros que des noyaux de cerise.
– Je refuse de bosser comme conductrice de grue (je n’ai pas le permis, c’est en soi, la meilleure des raisons…) et bien que toute ma carrière professionnelle n’ait été consacrée qu’aux livres, mon pôle emploi m’affirme que cette annonce correspond EXACTEMENT à tous mes critères de recherche…
Bref, la liste pourrait être longue. En gauchiste assumée, mon mauvais esprit est, souvent, ma ligne de conduite. Pour le débat, bien sûr, mais pour le plaisir de contrarier, aussi…
Du coup, fort de cet axiome Umpiste, c’est quelque peu estomaquée que je constate que le parti socialiste s’est emparé de cette mode. Nous sommes modernes, tu comprends, le SMIC, c’est pas tabou. Le CDI, c’est pas tabou. La sécu, c’est pas tabou. Les allocs, c’est pas tabou. L’immigration, c’est pas tabou. Et, étonnamment, que le PS soit un parti de droite n’est plus tabou non plus dit donc !
Parce que devant le cimetière des tabous, à l’image des carrés confessionnels, la première chose qui saute aux yeux c’est que, quand même, il y a des idées qui ne sont que des idées et des idées qui sont des tabous. La fraude fiscale, qu’une idée. Les dividendes exponentiels, qu’une idée. La corruption, qu’une idée. Les lobbys, qu’une idée. Tavu, pas un seul tabou ! Du coup, comme ce n’est pas tabou, ça ne sert à rien d’en parler puisque ce gouvernement est tout entier consacré à les briser.
Depuis que Valls est devenu président, briser les tabous est devenu une cause nationale. Chaque jour, il y en a un qui tombe et Cambadélis pose un gros totem dessus pour que nous ayons l’illusion que dans ce parti, tout n’est pas permis. Mais personne n’est dupe. L’idée est lancée. Le Figaro, Le Point et Valeurs (de merde) te torchent un sondage vite fait qui te prouve que 89 % des français sont pour. Du coup, ce con de Calvi et son aréopage libéral t’infligent un C’est dans l’air bien moisi sur ces sujets de discorde dont il faut parler parce que ce n’est juste pas possible que la France ne soit pas réformable #PDBDM !!
Toi, petite gauchiste provinciale, tu regardes ta télé, les yeux exorbités et avec les oreilles qui saignent. Déjà, depuis le 6 mai 2012, tu surveilles tous les endroits un peu choupi qui pourraient accueillir ton désespoir. Tu es quand même un peu déchirée parce que bon, ta famille, tes amis sont là et que tu ne peux quand même pas décider de tout quitter juste parce que tu es gouvernée par des têtes de noeud…
Tu repenses à cet interview de Todd sur le Hollandisme révolutionnaire en avalant des coques d’oursins. Tu te dis que, merde, ces gars ont fait les plus grandes écoles de la République et naïvement, tu penses qu’ils ont donc un cerveau qui fonctionne. Que Hollande, bien que couille molle de nature, n’est pas tout seul. Qu’il existe au Palais, un brave type qui continue à faire ses courses dans un commerce de proximité, qui va se boire un petit noir le matin avant d’aller bosser dans ce chouette café de quartier et qu’il entend que la précarité a augmentée, que les gens vivent de plus en plus mal, que la fin du mois commence le 5 du mois, bref qu’il reste encore au moins UN gars qui n’est pas hors sol et qu’il va prendre Rain Man entre quatre yeux et lui expliquer la vie ?
Ben, au lieu de ça, pépère te nomme Valls 1er ministre… Chaque matin, tu te dis que ce n’est pas possible d’être con à ce point. Ce gars qui n’a été élu que parce qu’il était juste impossible que le mis en examen remette le couvert, nous balance à la tronche le candidat de droite de la primaire socialiste qui n’a obtenu que 5,68 % des suffrages. Et que c’est ce type qui fait la pluie et le beau temps. Tu repenses à cet article de Stéphane Allies et tu commences à flipper. Parce que tu sais très bien comment tout ça va finir. Parce que toutes les dernières élections t’ont déjà mis la puce à l’oreille. Parce que tu l’entends quand tu parles politique avec tes potes, la détestation de Hollande et de ce gouvernement de glands se conclut par cette même phrase « en 2017, ils peuvent se brosser, je n’irai pas voter ».
Quand on ne veut plus paraître « modéré », briser les tabous s’apparente bien plus à briser les c…… (pardon). Leur truc c’est que perchés en haut de leur tour d’ivoire, ils sont à des années-lumières de mesurer la colère et la désespérance. Qu’ils savent, ces cons, qu’à gauche, il a existé, en 2002, un vote républicain.
Tu sais quoi ? Je crois qu’à gauche c’est un tabou qu’on a brisé. Parce que ça, c’est une leçon qu’on peut retenir. Briser trop de tabous tue le tabou.
Et ça se transforme en boomerang.
Dans ta gueule.
Mots-clés : Valls
Au début, ils étaient cinq.
Chacun dans leur coin, ils fulminaient abondamment. Don Quichotte des temps modernes, ils affrontaient les moulins à parole du TINA. En vain et contre tous, ils résistaient sur les Internets, confortablement assis dans leur fauteuil. Le couteau entre les dents, les doigts sur le clavier, leur combat héroïque était sans merci.
Ils firent, chacun de leur côté, ce constat amer : « Tout seul on est rien, ensemble on est trop ».
Logiquement, ils décidèrent d’être quelques uns.
Oooooh?????Ouh ouuuuuuh!!! y’a quelqu’un, qu’un qu’un un un…? Alors quoi, un billet d’humeur qui enfin commence à parler vrai et RIEN? pas une réponse, juste l’écho? parlez moi de démocratie ma pov’dame, c’est pas de démocratie dont nous manquons, c’est de couilles. Alors tant pis, l’anarchiste libertaire que je suis (conventionnelle pour l’alimentaire, faut pas non plus déconner hein!) va dire ce qu’elle en pense. Précaution d’usage pour les chafouins : mes propos n’engagent que moi et tant pis pour ceux qui n’apprécient pas. Donc voilà que dans mes voyages sur la toile, navigant de Charrybde en Scylla, je parviens sur Babordages. Tiens? C’est qui qu’est-ce? et que je me pose un brin pour voir un peu en quoi ce peuple pour moi inconnu des « gauchisses » peut m’apprendre sur mes frères humains. Je ne sais pas trop où je navigue. Je sais que j’aime les gens et que j’en ai fait mon métier. Reste que… écouter et écouter encore des opinions tranchée, argumentées, aux antipodes, du moins en surface des miennes, m’enrichissent et me font comprendre plus encore que finalement … un papier de cigarette nous sépare, un rien, une volute de fumée et que s’arrêter sur des détails d’idéologie éculée, qu’elle soit de droite ou de gauche ne change rien à ce constat : il y a tellement d’humanité dans vos cris de colère que j’en ai la vue qui se brouille. Or donc… . Ah oui. Qui peut encore croire que le PS est démocrate et de…. hihi de gauche? Le PS est républicain. Plus il éructe dans ses discours de « la démocratie, des valeurs, de l’humanisme », plus l’esprit de Montesquieu déserte cette pauvre parodie qu’est devenue l’état. Quel Valls écoutons nous? Celui qui parle de respect de l’état et piétine son 1er ministre Ayrault? Celui qui loue la Palestine et voue allégeance éternelle à Israël?, celui qui se dit socialiste et brade le monde du travail au pire du patronat. Celui qui encaisse sans broncher les propositions de Gattaz de détricoter l’intégralité des acquis sociaux et museler les partenaires sociaux? Celui qui fait donner la force contre des étudiants idéalistes et qui ne veut pas reconnaître une bavure? (le propre d’un bon leader, c’est de reconnaitre ses erreurs pour mieux progresser et faire progresser avec lui. C’est un question de respect de l’autre, de soi.).
Instable me direz-vous? Mais non. Diaboliquement stable au contraire. Précis, constant dans sa recherche du pouvoir, du tout état, du contrôle par plus de loi. Et si encore il recherchait le pouvoir pour un idéal de société Mais quel idéal peut bien porter un homme qui livre à l’Espagne une jeune femme accusée pour des faits non répréhensibles en France?
Alors, je n’attends rien. Non vraiment rien d’un tel homme.
Je n’attends rien non plus de lui. C’est ce que tu as supposé à la lecture du billet ??
Pas du tout. L’art de la communication écrite est délicat . Je confirme simplement qu’il n’est pas et n’a jamais été que de son propre bord comme malheureusement 99% de notre classe politique . Mais bon, si vraiment un billet ici n’est pas fait pour appeler la discussion mais juste pour dire bravo, alors je me suis trompée d’endroit . Bravo pour vos billets, dommage qu’il y ait si peu d’échanges et effectivement je m’en vais vous laisser entre vous.
Voilà, voilà…
C’est quoi ce commentaire ?? J’écris un billet où, à aucun moment, je ne dis le contraire de ce que tu dis dans ton com. Je ne vais quand même pas réécrire un truc long comme le bras pour redire la même chose ! Si ? Ben non. Alors le procès d’entre soi…
Je pensais naïvement et sincèrement que vos billets appelaient des échanges. Qui dit échanges, dit participants et sauf ton respect , je ne répondais pas qu’à toi. D’où ce dialogue de sourd. Je trouve vos billets remarquables dans l’ensemble parce que très denses et propices à développements. C’est tout, ne va pas chercher plus loin et n’y vois nulle provocation . Je suis sans armes les mains ouvertes mais ne peux me travestir en ce que je ne suis pas . Je peux te dire que j’aime les petits chats (c’est le cas) mais ce n’est pas comme cela que je veux partager avec toi et les autres en général . Tu es directe et j’apprécie mais voilà, j’ai toujours l’impression de te mettre en colère sans en comprendre la raison. Je continue de penser qu’il suffit d’être gentil pour être compris. Gentil, pas traversti. Donc, tout naturellement, et ce n’est nul procès d’intention, je t’explique que pour moi, il est temps de reprendre mes bagages avec regrets, mais vraiment je trouve, et ce n’est que mon opinion, qu’il n’y a pas assez d’échanges ici, juste des tribunes.
Et au grand grand plaisir de se recroiser un jour sur la toile
Je suis en colère de nature, rien de personnel. Ce que je ne comprends c’est que d’évidence, sur le sujet, nous pensons pareil. Alors je veux bien dans les coms redire ce que j’ai dit dans le billet mais bon… A la suite de ce billet, je suis un peu à sec. Si tu en est déçu j’en suis bien désolée. A bientôt, ici ou ailleurs.
J’oubliais : fumer tue. et accessoirement donne une haleine de cheval. (ça c’est mon côté… mon côté…. et merde!). Faut pas fumer. ça fait le profit des cigarettiers.
Vivre tue. Une bien triste histoire ;-(
Tu as probablement raison. Juste prends soin de toi.
Que vivre tue n’est pas « probable ». C’est certain.
Tant qu’on n’a pas la preuve de sa propre mort, on a le droit de se croire immortel…