En finir avec l’espoir européen
Putain de douche froide. Pour ceux qui y croyaient et pour ceux qui voulaient y croire. Pour ceux qui voyaient dans le gouvernement Tsipras la possibilité d’inverser (un peu) le rapport de force, de rogner sur la ligne libérale de l’Union européenne. Notre camp, celui d’une gauche de transformation sociale radicale, entrevoyait la possibilité d’une victoire concrète au sein de l’UE, chose inédite tant qu’espérée.
Le formidable combat mené pendant des mois, pied à pied, par Syriza à l’intérieur des institutions européennes et à l’extérieur, en s’appuyant sur la légitimité populaire, finit donc en reddition sans condition. David jette l’éponge, Goliath se lèche les babines. Si décevante qu’en soit l’issue, la séquence politique aura tout de même eu des vertus inestimables.
Ces longs mois de « négociation » auront été pour les peuples européens une formidable pédagogie de l’Union européenne. Le voile se lève sur le fonctionnement des institutions, sur le rôle de chacun de ses acteurs. D’abord son opacité, les réunions de l’Eurogroupe, organe légitimité par la seule acceptation de son existence par ses membres, se tenaient dans le plus grand secret. Rien ou presque des affrontements, des alliances et des compromissions qui pouvaient s’y dérouler n’a fuité. Une instance de « représentants » non élus décide du sort des peuples européens sans avoir aucun compte à leur rendre.
La dernière séquence d’affrontement a également fait apparaître à quel point l’Union européenne était un instrument de domination, d’humiliation et de négation de la souveraineté populaire. L’aboutissement des « négociations » est un coup d’État, l’affirmation de la volonté de sujétions des peuples européens aux dogmes libéraux. Le choix affiché sans complexe des créanciers contre les peuples, des banques contre la démocratie
Enfin, la faiblesse de la voix française, sa soumission muette à la ligne la plus libérale de la zone euro, menée par l’Allemagne apparaît au grand jour. Non, François Hollande ne s’est pas réveillé un peu tard. Non, à aucun moment il n’a cherché d’alternative, d’alliances au sein du Conseil européen. Comme pour sa politique intérieure, il a choisi son camp, celui de son ennemi du Bourget.
La seconde grande leçon que nous donne la stratégie du gouvernement Tsipras tient dans sa défaite. Malgré tous les efforts déployés, les coups tactiques, les contre-feux, le résultat des dernières négociations n’est pas très loin de ce qu’auraient signé les yeux fermés un Samaras ou un Papandréou. Ne faisons pas semblant, c’est un échec cuisant pour la stratégie de conquête au sein des institutions en jouant selon leurs règles. Si Tsipras a échoué, malgré le soutien de son peuple, malgré son courage et son intelligence politique, d’autres, si l’occasion se présente, échoueront de la même manière. Les derniers jours de « négociation » ont démontré à quel point ce sont les institutions bien plus encore que les acteurs qui s’y agitent en son sein qui sont viciées. L’échec de la stratégie Tsipras est une formidable démonstration du caractère irréformable de l’UE et, partant, de l’impossibilité d’une voie réformiste.
De cette amère défaite, il nous faut tirer des leçons. L’espoir, longtemps porté par une partie de la gauche, d’une Europe sociale vient de vivre ses derniers spasmes. Il n’existe pas de solutions dans le cadre des institutions.
Il faut en sortir. Et au plus vite.
C’est malheureux, mais j’en suis convaincu depuis plusieurs années.
Nous n’avons pas affaire à une Union Européenne des peuples, mais à une UE des banques, des multinationales.
ça va être dur d’en sortir, on nous rétorquera que nous sommes fascistes, que nous refusons le « vivre-ensemble » Européen ( surtout quand « vivre-ensemble » se résume par le sacrifice de millions d’hommes et femmes sur l’autel de la finance ).
Bref, barrons-nous de ce piège anti-démocratie.
Hello Clumsy. Je partage avec toi la déception et cette analyse, au fond presque positive, de la nécessité révélée aux yeux de bon nombre de réformistes socio-democrates de changer de paradigme. Je suis convaincu que certains anciens socialistes déjà un peu distants sont maintenant convaincus.
Mais permet moi de te donner un peu d’espoir: la démission de varoufakis comme préliminaire à la capitulation de tripras me semble être une mise en scène très rusée.
Je suis convaincu que nous sommes entrés au lendemain du référendum, d’une phase de négociation à la mise en oeuvre du plan B consistant à sortir de l’Euro.
Il fallait obtenir des liquidités bancaires pour quelques semaines nécessaires aux préparatifs sans éveiller les suspicions. Chose faite. 7 Mds en juillet, 5 en août seront versés sans autres conditions que le principe de capitulation. Ces 12 Mds permettrons de survivre et de préparer la sortie de l’Euro, en laissant les créanciers pour leurs frais.
Tsipras et Varoufakis ont démontré combien ils sont atypiques et je pense sincèrement qu’ils ont préparé un plan ou la morale est du côté de la volonté du peuple.
À suivre.
Bonjour !
Je suis assez d’accord avec Leclown.
Certes la Grèce va subir beaucoup de choses ces prochaines semaines et même mois, certes pour beaucoup le Non devait être une solution, mais est ce que cette solution n’était pas d’obtenir de l’argent à grande échelle (80 Mds a peu près) ce qui pourrait payer les dettes du FMI (car on y échappe pas et qu’elles sont évalué en juin à environ 18 Mds) et aussi de rembourser les obligations privée de la Grèce (environ 40 Mds) car il faut bien se le dire, si l’Etat grec ne rembourse pas les investisseurs privés, alors ils n’auront plus confiance et cette confiance doit être rétabli si la Grèce veut un jour réémettre des obligations (peut être le jour où la Grèce sortira de l’euro après ces brefs remboursement)
Donc je préfère attendre et voir ce qui se cache derrière tout ça. Car : On ne nous dit pas tout !
Je dis comme mon cher confrère : Affaire à suivre
L’alternative, ce serait quoi ? Retourner aux Erats Nations ? Continuer à emprunetr pour dépenser l’argent qu’on n’a pas. Les Européens ont masqué leur déclin économique et démographique par la dette. Il faut revenir aux réalités et cesser de se bercer d’illusions sur une autre politique… Tsipras lui-même n’a pas osé sortir…
Je valide également l’avis de Leclown et Bibi… Il faut instaurer une relation de confiance sinon ils n’arriveront jamais à se relever…
A voir.