En bande organisée
Avant de tenir la promesse que je t’ai faite à la fin de l’épisode précédent, je dois faire un détour qui me paraît important et nécessaire (que de rebondissements dans ce #LeFeuilleton !)
Si tu as tout bien suivi jusqu’ici, tu crois peut-être que l’alternative est de faire ou de ne rien faire (pour enrayer notre chute).
Or, les choses ne sont pas si simples.
Car pendant que l’on gribouille des #PlanB, les zélateurs du #PlanA ne restent pas immobiles.
Oh que non.
Car vois-tu, le #PlanA est planifié, méthodique, agressif, militant, et ça ne date pas d’hier.
Pour ma part, je ne crois pas qu’il existe à proprement parler de complot ou de conspiration. Non, pour rester dans l’air du temps, je pencherais plutôt pour une bande organisée dont les intérêts et les objectifs sont clairement définis et poursuivis avec diligence.
Plutôt que de faire un long discours, je vais te balancer des images qui bougent, et déléguer ce soin à d’autres.
Tout d’abord, je te conseille cette série documentaire de la BBC par Adam Curtis : The Century of the Self.
Elle démarre dans les années 20 aux USA avec les aventures d’Edward Bernays, neveu de Freud et inventeur des « relations publiques ». S’appuyant sur les découvertes de son illustre tonton, il montra aux grandes entreprises comment manipuler le bon peuple à grande échelle en exploitant ses désirs inconscients pour qu’il achète des biens dont il n’avait absolument pas besoin. #Genius.
Oui, ça dure 4 heures et c’est en anglais. Si tu ne parles pas anglais, c’est l’occasion d’apprendre. Tu ne le regretteras pas.
MISE À JOUR : @MortauxCons vous a dégoté une version sous-titrée en français : Ep. 1, Ep. 2, Ep. 3, Ep. 4. Merci à lui !
Ensuite, lorsque tu auras terminé, va lire La stratégie du choc de Naomi Klein (si ce n’est pas déjà fait).
C’est vrai que c’est un sacré pavé. Heureusement, il existe un pis-aller : un documentaire extrait du livre et que j’inclus ici (en VF cette fois. La VO est là). Si tu n’as pas une heure trente à y consacrer, je t’avoue que je me demande bien ce que tu fiches sur Babordages. Enfin bon, c’est toi qui vois. Je ne veux pas te brusquer. Y’a peut-être foot ou tennis ou ze voïsse ou une émission de propagande #TINA à la télé…
Dans le livre, la journaliste canadienne décrit une approche autrement plus radicale de la manipulation imaginée et testée par la CIA au début des années cinquante : le lavage de cerveau, au moyen de privation sensorielle et de torture (tant qu’à faire), pour pouvoir ensuite y gribouiller le #PlanA à volonté.
Tu y découvriras aussi ce qu’elle appelle le « capitalisme du désastre », technique qui consiste à profiter du désarroi des peuples lorsqu’ils sont frappés par une catastrophe (ourdie ou naturelle) pour mettre en œuvre des politiques ultralibérales, et qui fut théorisée à l’École de Chicago par Milton Friedman et ses potes, puis testée grandeur nature pour la première fois au Chili sous le régime de l’auguste Pinochet.
Politics is the entertainment branch of industry. –Frank ZappaUne parenthèse pour enfoncer une porte ouverte avec un clou (ou l’inverse, c’est au choix). Le lien soi-disant indéfectible entre démocratie et économie de marché n’est qu’une fable, imaginée pour faire plus sexy que les cocos d’en face durant la guerre froide. Le capitalisme n’a aucunement besoin de la démocratie pour s’épanouir. Regarde la Chine. Regarde les laquais #TINA de droite et de #groite qui « gouvernent » ce qu’il reste de nos « démocraties ».
– Vanille ou vanille ?
– Chocolat, s’il vous plaît.
– Excellent choix ! Tenez, vanille !
D’ailleurs, dans l’inconscient des Américains et autres cavaliers de la #TINApocalypse, « liberté » signifie liberté de faire, la liberté de penser n’étant utile que pour inventer des justifications farfelues pour la liberté de faire.
Ce qui explique que l’on se moque volontiers de ces sympathiques crétins d’Américains : ce ne sont que de vulgaires faiseurs, alors que nous sommes les (lointains) descendants des Lumières, nous sommes des penseurs ! C’est autrement plus classieux.
Sauf que pendant que nous appliquons toute la puissance et l’infinie subtilité de notre pensée lumineuse à justifier ou à fustiger le PlanA (et/ou les Plan A’, BB, B et autres C), les malfaisants font. De gros dégâts. Et je sais que ça va te faire de la peine, mais je me dois de te dire qu’ils se fichent comme de leur premier million de ce que pensent les branleurs penseurs.
À titre d’exemple et tout à fait au hasard, pendant que j’écris ou que tu lis ces lignes, ce capitalisme du désastre serait à l’œuvre ici même, aujourd’hui, sous nos yeux, à nos portes. N’importe quoi ? Demandons à nos voisins grecs ce qu’ils en pensent.
En résumé, car il est temps de conclure cet édifiant épisode du #LeFeuilleton :
Chaque minute que tu passes assis sur tes mains à avaler des couleuvres est mise à profit par la bande organisée mondiale pour consolider ses acquis et poursuivre ses objectifs égoïstes à court terme, à nos dépens et à ceux de la planète.
Être de droite, c’est vouloir en être.
Être de gauche, c’est vouloir les mettre hors d’état de nuire.
Choisis ton camp, camarade.
Mots-clés : LeFeuilleton
Le documentaire d’Adam Curtis à l’air passionnant. Tu aurais des bouquins sur le sujet à conseiller, par hasard ?
@Thaddée
Ce documentaire est vraiment génial. Hélas, je n’ai pas souvenir (il est 6 h 41) d’avoir lu de bouquin sur les sujets abordés, donc pas de conseils.
Quelqu’un d’autre ?
Tout simplement le bouquin d’Edward Bernays, Propaganda, édité chez Zones ?
@Clumsy
Merci ! Je n’avais pas le cœur à gougueuler à six heures du mat’ 😉