Le Socialisme des Échos
Bonne nouvelle au congrès des gauchistes européens (du PGE) à Madrid ce week-end : la motion écosocialiste soutenue et initiée par le PG français a été adoptée (avant que le PG ne se tire une balle dans le pied en suspendant sa participation au PGE suite à la réélection de Pierre Laurent à sa tête… #facepalm).
Je me répète, mais ce qui manque, c’est le courage politique, pas les #PlanB, y compris de qualité, comme l’écosocialisme.
Alors tu vas lire ça : Premier manifeste : 18 thèses pour l’écosocialisme
Je te regarde. Je te vois. Je suis tes moindres pas sur la gauchosphère.
#Babordages > #NSA.
Quoi, tu n’as pas cinq ou dix minutes à consacrer à une telle lecture ? Trop occupé à tweeter la dernière ineptie de Nadine ou la dernière couv’ de Valeurs Actuelles ou la nullité du #LGJ ?
Tu as de la chance. C’est bien parce que je me sens un peu obligé vis-à-vis de mes camarades de la Cellule Gauchiste de pondre des billets pour Babordages que je vais te résumer l’affaire en quelques mots (ce qui ne te dispense pas d’aller lire le manifeste. BIG BABORD IS WATCHING YOU !)
Alors, qu’est-ce que l’écosocialisme ?
C’est la réponse humaine raisonnée à la double impasse dans laquelle est enfermée dorénavant l’humanité en raison des modes de production et de consommation de notre temps qui épuisent l’être humain et l’environnement.
En (très très) gros, tu auras peut-être noté que le capitalisme a un petit défaut (parmi d’autres petits défauts) : la richesse accumulée par nos pays est le résultat de quelques siècles de politique colonisatrice, prédatrice, de terre brûlée.
Pourquoi se gêner ? Tu as entendu parler du brûlis au lycée ? (Moi oui. J’étais en (Plan) « B »). Tu brûles ton champ. Tu peux semer sans labourer. Tu as une récolte, mais cramer ton champ ça épuise sa fertilité. Pour se venger, il va te faire un gros doigt d’honneur, ton champ. Tu t’en fous, parce que tu es allé brûler la parcelle suivante. Sauf qu’il y a un nombre fini de parcelles à brûler, et chemin faisant, ça déséquilibre tout l’écosystème en zigouillant les petites et grosses bêtes qui vivaient dans le champ, ça pollue, et ça tue les trucs verts et humides qui captent le CO2 et produisent l’oxygène que l’on respire.
Donc, on a fait ça sur toute la planète, pour tout, et si on n’arrête pas tout ça, tout de suite, on va tous mourir. Ceux qui profitent grassement de ce bordel aussi, mais eux vont mourir en buvant du champagne dans le jacuzzi en lapant du caviar dans le généreux décolleté de ravissantes créatures louées pour l’occasion.
C’est pas juste.
Si on mettait le paquet pour promouvoir les énergies propres, l’agriculture paysanne, les circuits courts, la rénovation thermique des bâtiments et tous ces trucs de baba cool, on n’aurait plus besoin de choisir entre manger et ne pas cailler, on mangerait mieux, on respirerait mieux, on mourrait mieux, etc. Et puis jusqu’à nouvel ordre, le soleil, le vent, les courants marins, ça appartient un peu à tout le monde il me semble.
Bref, au lieu de demander la becquée aux maîtres du monde (qui, si tu as suivi, ont la tête plongée dans d’opulentes poitrines, et n’entendent visiblement pas très bien tes piaillements), on dirait qu’on opterait pour… L’intérêt général :
l’être humain est partie intégrante de l’écosystème dans lequel il vit. Ils ne peuvent être dissociés. Il n’y a qu’un seul écosystème global compatible avec la vie humaine. Dès lors, nous sommes tous semblables dans notre dépendance à l’écosystème.
J’en vois qui s’étouffent. Oh le truc de cocos ! Moi, je peux comprendre l’anticommunisme, car soyons honnête, le productivisme n’a jamais été l’apanage de la droite. C’est aussi en cela que l’écosocialisme marque une rupture avec le passé :
L’écosocialisme est un nouveau projet politique réalisant la synthèse d’une écologie nécessairement anticapitaliste et d’un socialisme débarrassé des logiques du productivisme.
Bon. Tu vois qu’il y a du grain à moudre (métaphore écolo). Je ne vais pas te commenter tout le truc, d’autant plus que tu es allé lire le manifeste (sans quoi prépare ton baluchon, on vient te chercher sous peu pour t’envoyer au goulag).
À titre personnel, je trouve que ça dessine un horizon, ce qui est déjà pas mal, horizon qui a pour triple qualité d’être concret, atteignable et désirable. Ça diminuerait potentiellement l’influence des rapaces, vautours, requins et autres nuisibles dans l’équation. Ça diminuerait l’intérêt de se faire la guerre pour sécuriser les dernières lampées de pétrole ou les derniers atomes d’uranium.
Est-ce que ça éliminerait la connerie humaine, la cupidité, et tous les autres péchés capitaux ? Je vais me mouiller et dire : non.
Est-ce que ça pourrait tout de même théoriquement rééquilibrer le rapport de forces entre seigneurs et gueux ? Je vais m’avancer prudemment et dire : oui.
Est-ce que ça vaut mieux que l’alternative TINA (si j’ose dire) ? Là encore, n’écoutant que mon courage, je réponds : oui.
Je m’explique, d’abord en citant El manifesto :
Nous réfutons la doctrine sociale-démocrate qui voudrait que toute redistribution des richesses passe d’abord par la relance de la croissance du PIB et la hausse de la consommation matérielle globale. C’est un double contre-sens. D’une part, elle maintient la puissance du capital financier et suppose que la répartition de la richesse s’organise à partir « des fruits de la croissance ». Elle ne s’attaque pas à l’accumulation déjà acquise. Or nous savons que les richesses existent, et qu’il n’y a pas lieu d’attendre pour les redistribuer. Ce qui est en cause c’est l’accaparement de ces richesses via la prédation du capital. D’autre part, cette doctrine repose sur un modèle d’expansion infinie qui est un suicide de la civilisation humaine.
Ou encore :
Nous refusons cette logique productiviste qui consiste à produire tout et n’importe quoi dans n’importe quelles conditions pour l’écouler sur un marché par des dépenses publicitaires.
Ensuite en casant enfin un truc que j’ai gardé sous le coude depuis cet été et qui est à mon sens la quintessence de l’étendue de la « pensée » politique de la gauche de gouvernement et de ses exégètes et autres courtisans (L’éconosocialisme ? Le Socialisme des Échos ?).
Attention, la puissance de l’analyse dépote. Tu es prêt ?
François Hollande, Président de la République, lors d’un dîner en « off » avec des journalistes le 18 juillet 2013, répondant à ceux qui réclament un infléchissement à gauche :
« Ça serait quoi, être plus à gauche en ce moment, c’est penser que parce qu’on ferait un point de plus de déficit, ça irait mieux ? »
Voilà, voilà. Selon l’expression consacrée, choisis ton horizon, camarade…
Mots-clés : Écologie, économie, LeFeuilleton, Socialisme
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