Babordages

Pendant qu'ils ne cherchaient pas d'alternative, nous pensions à un #PlanB.

Du rêve, par @Andreo_Ch

Publié le par dans avec 2 avis

Billet invité

Je suis en colère.

Bon, en même temps ce n’est pas nouveau, cela fait un moment que ça dure. Depuis novembre 2012, en fait (souviens-toi).

Quand j’ai compris.

Et pourtant, au soir du premier tour de ces municipales, deux déclarations ont réussi à me faire sortir de mes gonds.

La première, on la doit à Vincent Peillon, relativisant tranquillou la branlée que son parti était en train de se prendre : « lorsqu’on a de vrais désaveux, ils sont beaucoup plus massifs ».

Attends Vince, ce n’est que la première véritable élection intermédiaire, on en reparlera à l’occasion des suivantes, hein ? Vivement les Européennes…

La deuxième, c’est celle de Najat Valaud-Belkacem qui « ne croit pas à un changement de politique du gouvernement qui doit au contraire tenir le cap ».

Aveugles et sourds.

C’est vrai que jusqu’ici, ça a tellement bien marché que la meilleure chose à faire est de continuer allègrement.

Non, mais parce que MÊME les UMPistes les plus profonds étaient capables de relever la dimension de rejet de la politique qu’ils menaient quand ils se prenaient une tôle aux élections. Bon, certes, c’était pour s’en tenir à cette délicieuse formule : « nos réformes sont mal comprises ».

Genre on est trop cons pour comprendre ce que vous êtes en train de faire.

Nous les gueux.

Alors donc oui, je suis en colère.

Je suis en colère parce que les temps sont durs et qu’au lieu de nous faire rêver, vous nous faites flipper.

Parce que c’est fait pour ça la gauche, c’est fait pour rêver.

Au lieu de ça, vous nous faites passer pour les victimes plus ou moins innocentes d’une situation à laquelle nous ne pouvons rien. Et ça c’est le pire.

Il n’y a rien de pire que d’être désigné par autrui comme une victime. Car à partir de là, on cesse d’être un sujet capable d’action ; on est enfermé dans une passivité qui n’a d’autre issue que la vengeance déléguée aux dominants et la réparation obtenue sur les cendres de ses bourreaux.

Pas de victime sans bourreau.

Mon ennemi, la finance, tout ça.

Sauf que la finance on ne sait pas qui c’est, alors comme bourreaux on va peut-être choisir les Roms par exemple, au moins ceux-là on les a repérés.

Et la fille du borgne passe à la caisse.

C’est dommage, parce que toutes les batailles—même perdues d’avance—méritent d’être menées, pour peu qu’elles contribuent à nous rendent notre dignité. Ces luttes communes permettraient de nous forger une identité, humaine et citoyenne, même dans une perspective de défaite. Le pire est de se dire que l’on a rien tenté parce que de toute façon, on ne pouvait rien faire.

Elle aurait été belle à mener cette bataille pour—au hasard—le droit de vote des étrangers, même si elle était perdue d’avance.

Parce que oui, on peut porter l’utopie d’un monde meilleur sans prendre les gens pour des buses, sans même leur mentir, en leur offrant au moins la fierté de s’être révoltés contre la fatalité.

Et donc oui, la gauche DOIT nous vendre du rêve, il n’y a pas de gauche sans utopie.

« Mais ça fait pas bouffer ton utopie ».

OK Camarade, mais ta politique elle fait pas bouffer non plus ; il n’y a jamais eu autant de pauvres. Autant de riches non plus d’ailleurs, de là à dire qu’on tient une piste… Alors tant qu’à faire, autant choisir l’option qui (re)fera de moi un citoyen, capable d’action, même si celle-ci n’a pas d’issue. Parce que ton pragmatisme politique & économique me l’a volée, ma capacité d’action.

Alors à la sempiternelle question : « Tu le prendras comment ton Front, national ou républicain ? »

Tu sais quoi ?

Je ne le prendrai pas.

Celui—ou celle—qui veut ma voix n’aura qu’à venir la chercher.

Avec du rêve.

Et des licornes.

 

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2 avis sur “Du rêve, par @Andreo_Ch

  1. Tako

    Merci pour ce message auquel j’adhère complètement. Nous avons un gouvernement incapable de nous rassurer et qui génère de l’incertitude face à l’avenir. Cette incertitude se transforme en peur qui se transforme en colère. Et pour apaiser cette colère il faut un responsable facilement atteignable : les minorités font généralement très bien l’affaire.

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  2. Valdo

    Du rêve, de l’utopie, et je vais même oser: de la poésie. Du lyrisme (n’ignorant pas que celui ci est à double tranchant et qu’il peut aussi être un instrument de manipulation des foules. ) Mais qui vaudra toujrours mieux que le TINA? la lamentable novlangue gestionnaire à laquelle on nous condamne let la « tyrannie de la réalité. Où sont les politiques poètes, les Aimé césaire d’aujourd' »hui?

    Répondre

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