Babordages

Pendant qu'ils ne cherchaient pas d'alternative, nous pensions à un #PlanB.

Deux poids, deux mesures

Il y a 10 ans, une éternité, je terminais mes études bohèmes et sautais à pieds joints dans le monde du travail. Je devenais instituteur. J’étais plein de certitudes, plein de principes, plein d’entrain. J’ai conservé mon entrain, le reste a été bousculé en partie, renforcé parfois. C’est agréable et douloureux de se confronter au réel. Le pragmatisme.

Je n’avais pas d’enfant. Je n’avais pas l’ombre d’une blonde non plus. Mais j’étais déjà sûr de moi : jamais au grand jamais je ne voudrais avoir ma progéniture dans ma propre classe. Moi vivant, jamais.

Stagiaire, j’avais rencontré quelques collègues qui étaient passés par là. Par choix, par obligation, par facilité, par hasard.

Je les ai vus se démener, même s’ils ne l’avouaient pas, pour conserver toute la journée durant la bonne casquette. De 8 heures à 16 heures je suis ton institutrice, le reste du temps, je suis ta mère. (Je conjugue au féminin parce que cela correspond aux personnes rencontrées, c’est tout).

#LukeJeSuisTonPère

C’est une gymnastique de haut vol, pour les deux protagonistes. Ne pas favoriser la chair de sa chair. Ne pas se comporter comme avec maman. Ne pas être plus exigeant qu’avec les autres. Ne pas réclamer de tendresse à ton parent qui passe à proximité. Être d’une neutralité exemplaire. Ne pas lâcher malencontreusement un « Maman ? ». Séparer soigneusement la maison et l’école en étant bien conscient que c’est impossible.

Les enfants d’enseignant dans la classe d’un de leurs parents ne sont pas favorisés. Ils prennent cher. Avec les meilleures intentions du monde. Ils encaissent.

Ces enfants qui ont maman en classe ont maman vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On ne peut dans ces conditions se permettre de se relâcher à l’école, tout se saura à la maison. On ne peut pas trop faire l’andouille le week-end, la maîtresse le saura avant même le lundi matin.

Je sais aujourd’hui, mes convictions fracassées sur le mur de la réalité se retrouvant renforcées, que jamais, jamais, moi vivant, je ne voudrais me retrouver avec mon fils en classe.

J’aurais beau tout mettre en place pour qu’il bénéficie d’un traitement égal à celui des autres enfants, ce ne serait pas le cas. On est toujours plus exigeant avec les siens. Pour rien au monde, je ne veux lui faire endurer ceci.

Où je veux en venir ?

J’y viens, doucement.

En général, en politique, ailleurs, c’est pareil. Il est raisonnable d’avoir les mêmes exigences avec tout le monde. Il est je crois utile d’être plus sévère avec les siens qu’on ne peut l’être avec les autres.

Je n’ai pas de parti, c’est plus facile, peut-être.

J’ai hurlé avec la meute lors de chacune des outrances du quinquennat précédent. Je n’ai rien laissé passer et je n’oublierais rien.

Pour cette raison, Mélenchon peut bien courir pour que je le soutienne quand il passe des jours au chevet d’un trader. Le PG (qui est sans doute le parti dont je me sens le plus proche à l’heure actuelle) peut toujours rêver pour que j’applaudisse sa dernière frasque européenne. Une connerie est une connerie. Je n’oublie pas.

De la même manière, il est hors de question que je laisse passer les blagounettes de Michel Sapin et de François Hollande. Le premier se démenant pour qu’elles passent inaperçues (Caramba, encore raté !), le second ne s’excusant pas mais expliquant que nous avions mal interprété, mal compris (on est trop cons). On nie tranquillement la critique et on ajoute une pincée de mépris.

J’avais la naïveté de penser que, parmi ceux aux yeux desquels ce gouvernement n’a pas encore perdu tout crédit, je trouverais des voix s’indignant.

Eh bien non.

Deux poids, deux mesures.

C’est une tactique il paraît.

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fabu_land

À propos de fabu_land

Rouge et Vert, décoiffé et mal rasé. Daltonien aussi, un peu. Éleveur de Macaque en milieu tempéré. Ne crois ni en Dieu, ni en la Croissance. Ne suis qu'amour, mais faut pas m'emmerder !

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4 avis sur “Deux poids, deux mesures

  1. romain blachier

    donc pour toi Hollande considére vraiment que les algériens sont horribles et méchants? Qu’il y a un raciste à la tête de l’Etat? Si tu étais sincère c’est pas un billet que tu ferais, c’est une révolution

    Répondre
    • fabu_landfabu_land Auteur

      Quel magnifique raccourci !

      Où ai-je écrit une telle chose ?

      La blague de Hollande (destinée à Valls parait-il, mais ce n’est pas important) était blessante pour une population qui l’a fait savoir. Les excuses n’en sont pas (même si elles ont été acceptées, la diplomatie a ses secrets). Je trouve ça maladroit et j’euphémise un tantinet.

      Ceci dit, le Gouvernement et le Président portent une responsabilité quant à la montée du racisme. Je partage chaque mot de ce billet d’Edwy Plenel.

      Maintenant que nous avons réglé ce cas (J’espère). Je n’entends toujours personne s’indigner des propos franchement racistes de Michel Sapin. (le lien est dans le billet)

      Quant à la Révolution, ce n’est pas mon propos. Je suis de gauche, certainement pas d’extrême gauche. Un soc-dem en somme, mais pas comme toi.

      Répondre
  2. Onésime Couillard

    Tout ça est bien vrai et d’autant plus que le futur cancre présumé n’est sans doute pas plus heureux de se taper son dab à la « mine » et à la cagna…

    Cela dit, j’ai du mal à faire un strict parallèle avec le reste du monde.

    Certes on peut avoir une certaine exigence avant d’accorder son amitié ou développer une convergence, voire une affinité avec un groupe.

    Mais… Plus précisément…

    Le Parti de gauche n’est pas parfait, c’est certain, mais le fut-il (désolé, je n’ai jamais compris la règle du ^ s’il en fallait un) qu’il ne serait pas pour autant plébiscité par le reste de l’univers.

    Les reniements et autres dévoiements de programmes électoraux des pseudos socialistes sont autrement plus graves que deux conneries dites entre la poire et le fromage dans un environnement propices aux dérapages.

    Tu ne peux pas demander au reste du monde d’avoir la même réaction que toi.

    Ce que tu veux et ce que je veux nous sont personnels, tant mieux si une majorité partage cette volonté et tant pis sinon.

    Moyennant quoi on peut espérer échapper à l’ulcère.

    Meilleurs vœux de prospérité et de félicité pour le reste du siècle.

    Répondre

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