Déjà-vu, par @oinkmeup
Trouble de la mémoire donnant au sujet l’impression soudaine et intense d’avoir déjà vécu dans le passé la situation présente.
— Larousse
Le 5 mai 2012, alors que certains pensaient avoir gagné la guerre, nous ne remportions qu’une bataille. Certes, nous avions alors choisi un chemin qui, semaine après semaine, s’avéra tout aussi mortifère, mais nous pensions alors nous être débarrassés de celui qui incarnait — à ce moment-là — le meilleur ennemi de notre classe.
Lui, celui qui réussit pendant presque 10 ans à saturer le débat politique à coups de provocations, d’ego dégueulé sur nos écrans. Lui, qui n’était jamais vraiment parti, à part pour quelques « conférences » grassement rémunérées par ses amis qataris, annonce donc son retour.
Et il n’a pas traîné. L’Afrique, qui comptera « bientôt 2 milliards d’habitants », les homosexuels, « utilisés contre la famille », les « corps intermédiaires » qui paralysent le pays : en quelques interventions, il aura réussi à placer suffisamment de marqueurs réactionnaires pour ressouder un électorat de droite déboussolé par la gestion calamiteuse de l’UMP depuis son départ. Mais pas seulement. À l’Élysée et rue de Solferino, on n’en attendait pas tant : Manuel Valls n’a déjà plus besoin de menacer de dissolution les quelques éléments récalcitrants à l’Assemblée pour que bien sagement — ces gens sont finalement d’une infinie sagesse — les députés « frondeurs » rentrent dans le rang. Que valent leurs idées pour que l’apparition d’un épouvantail cathodique les fasse taire si rapidement ?
Tout cela, nous l’avons déjà vécu. Cette histoire, nous la connaissons par cœur et nous savons comment elle finit : mal. François Hollande n’est plus capable d’imposer une musique, ni même son tempo. Marine Le Pen profitera comme elle l’a toujours fait de la « droitisation » du débat public.
Le risque d’être réduits au rôle de commentateurs paralysés par, d’un côté, la violence gratuite de quelqu’un qui n’avance qu’en détruisant tout sur son passage, et de l’autre, un président qui fera passer la feuille de papier à cigarette qu’il y a entre eux pour un tome du Capital. Entre un scénario à la 2012, à la 2012 inversé, à la 2002 et à la 2002 inversé, j’en passe et des meilleures, nous devons trouver un chemin pour qu’une fois de plus le peuple ne soit pas le grand perdant de cette histoire. Sinon ce sentiment de déjà-vu — déjà insupportable — se transformera en une réalité étouffante, asphyxiante.
L’air se fait déjà rare.
Mots-clés : Billet Invité
On est d’accord sur les constats. Mais ce qui manque, c’est la suite, l’après, l’alternative, même fragile.
La suite ? C’est la suppression du régime présidentiel bien entendu.
Comme le dit Yan, les pistes théoriques ne manquent pas. L’alternative crédible, je pense qu’on a assez bossé pour pouvoir la proposer et la mettre en œuvre le moment venu. Le problème est comment on y arrive, quelle stratégie. Et là, je suis pas sur d’avoir plus de réponses, si ce n’est de continuer inlassablement à aller frapper à toutes les portes et convaincre, convaincre, convaincre.
blanc bonnet et bonnet blanc. je ne vois aucune différence d’intention dans la mise à genoux du peuple pour le bien de quelqu’uns entre l’actuel PS et la droite, la plus dure soit-elle. Quand à choisir entre la peste et le choléra, les alternatives sont peu nombreuses et le reste simple chiffon rouge agité pour nous guider dans le sens voulu. Commencez donc par les gens de bonne volonté. on a besoin d’espoir, pas de joug.