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Dans la cour de récré, ils m’ont traité de « Solférinien », par Nicolas Lzt

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Billet invité

Être appelé « Solférinien », c’est être identifié comme élu, militant ou soutien des politiques mise en forme par des membres (effectifs ou non) du parti qui siège rue de Solférino*, et qui ne produit pas d’application pratique du socialisme. Il a fallu en passer par une autre appellation que socialiste pour clarifier les choses, puisque dire « les socialistes » n’était plus tenable et crédible pour penser.

C’est ainsi que la liberté de nommer est devenue pour certains le pouvoir « d’insulter ». S’il est légitime de vouloir soutenir la politique en mouvement rue de Solférino et partout où elle s’est implantée, il n’en est pas moins légitime de lui trouver une dénomination qui permet de ne pas dénaturer le débat politique avec de fausses notions.

Parler de « politique socialiste » lorsqu’elle n’est pas d’essence socialiste, parler de « gouvernement socialiste » quand ses membres clés n’ont pas pour projet d’appliquer une vision socialiste trompe les auditeurs du débat public. De manière insidieuse, cela imprime dans l’inconscient collectif une représentation tronquée des notions indispensables à une culture politique solide, et laisse des actions politiques autres que socialistes devenir des exemples de ce que serait la politique sous le prisme du socialisme.

Le terme « Solférinien » donc, pour pouvoir débattre et réfléchir, sans buter sur l’absence de cohérence entre un mot et les idées qui y sont couplées. Pas une insulte, pas un crachat : une dénomination neutre, de là où viennent les idées.

Certes, il y a des socialistes qui franchissent les portes du Parti Solférinien, ce sont peut-être ceux-là qui se sentent insultés par cette dénomination. L’idée qu’ils puissent soutenir une politique qui n’est pas socialiste leur semble peut-être insupportable et insultante, mais le terme « Solférinien » n’en demeure pas moins sémantiquement neutre et s’ils ressentent un malaise lorsqu’est évoqué l’écart entre leurs convictions de gauche et ce qu’il y a au programme du conseil des ministres, j’en suis navré pour eux. Ils sont les socialistes malheureux du Parti Solférinien.

* Le Parti Socialiste ®

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6 avis sur “Dans la cour de récré, ils m’ont traité de « Solférinien », par Nicolas Lzt

  1. Aoulmi

    Plutôt d’accord pour dire que le PS sur-réagit souvent aux propos du FDG…

    Si on définit le socialisme comme la volonté de collectiviser les moyens de production, alors le parti socialiste n’en est pas un.
    Mais vu sous cet angle, le programme du parti communiste n’a rien de communiste. Et celui de l’UMP rien de populaire.

    Si en revanche on dit que le socialisme est un courant de gauche qui vise,
    dans un cadre démocratique et non révolutionnaire, à rendre socialement plus juste l’économie de marché, alors le PS est socialiste…

    Le gouvernement, lui, est gestionnaire (par contrainte et manque de vision), à la recherche du compromis européen (par conviction je crois), et sans courage (par mauvais calcul politicien).

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    • Nicolas Lzt

      Je comprends l’argument. Cependant si on admet cette définition du « nouveau socialisme » comme: « un courant de gauche qui vise, dans un cadre démocratique et non révolutionnaire, à rendre socialement plus juste l’économie de marché » alors je ne vois toujours pas en quoi ce qui dirige le pays est socialiste.
      Rien n’a été entrepris pour rendre « socialement plus juste l’économie de marché ». Ce sont plutôt des intentions de rendre les effets de l’économie de marché (ainsi que tous ses radicaux et corollaires) légèrement moins dommageables pour ceux qui n’en tirent pas de réels avantages. Les règles de l’économie de marché sont toujours les mêmes et rien n’est mis en mouvement pour les rendre « plus justes ».

      Par exemple, ces 13 derniers mois, je n’ai rien entendu de significatif émanant de Solférino et du gouvernement montrant une détermination à freiner l’utilisation des salaires et des conditions de travail comme variables d’ajustements des bilans comptables des différents marchés.
      Pourtant s’il y a bien une règle de l’économie de marché qui génère de l’injustice c’est bien celle-là. (Elle est de plus la plus simple à comprendre par tous puisqu’elle touche une grande partie de la population de notre pays et de l’Europe.)
      Non seulement le gouvernement ne compte pas modifier (même très légèrement) cette règle, mais avec l’ANI il a montré qu’il avait parfaitement intégré le fait qu’on ne touche pas au primat des actionnaires et des investisseurs (qui continuent à privilégier la rentabilité sur trois ans et la plus-value à deux chiffres).
      Ce débat-là, le « nouveau socialisme » aurait pu le poser sur la table des négociations avec nos partenaires européens. Donc à mon sens, le « courant de gauche qui vise, dans un cadre démocratique et non révolutionnaire, à rendre socialement plus juste l’économie de marché » je ne le vois pas.
      Je finirai en disant que c’est tout autant par absence de socialisme que par volonté de nommer des forces politiques très opaques qu’ils sont appelés « Solfériniens ». Ce terme est neutre et permet de nommer une chose qui devient chaque jour un peu plus inintelligible.

      Pour ce qui est de l’idée que chaque parti politique devrait avoir un nom qui n’engage pas d’idée trop précise, je ne suis pas contre.

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  2. Cipher

    @Aoulmi : ta définition du socialisme pourrait s’appliquer aussi bien à des partis de centre (les radicaux par exemple), ce qui ne va pas sans poser beaucoup de questions.

    Je n’accepte pas non plus le clivage démocratie/révolution, comme si on n’avait le choix qu’entre une politique d’aménagement et d’amélioration du capitalisme promue par les urnes et l’insurrection armée du peuple qui s’empare du pouvoir par la force. Le cas du Chili des années 70 nous montre qu’on peut être à la fois démocratique et révolutionnaire tout comme on peut être à la fois putschiste et totalitaire. Si les socialistes au gouvernement ne mènent pas une politique de rupture ce n’est pas que par des raisons de méthode, parce qu’ils préféreraient la négociation paisible entre pairs au rapport de force entre inégaux, mais parce qu’ils trouvent que globalement le cadre dans lequel on vit est bon et n’entendent nullement l’altérer. Ou alors parce qu’ils pensent qu’il n’y a pas d’alternative possible ou souhaitable, la seule qu’ils connaissent étant le nationalisme dans ses variantes germanique ou nord-coréenne. On n’a qu’à entendre les hymnes à la libre entreprise des uns et des autres ou à voir la rapidité avec laquelle j’abdiquent leurs idées dès lors qu’une fronde d’entrepreneurs leur est opposée (alors que les remarques de la gauche radicale sont accueillies avec gêne et agacement) pour se rendre compte de qui inspire et dicte la politique du gouvernement actuel.

    Au fond le PS demeure un parti socialiste utopique, et comme tous les utopistes dès qu’ils se cassent les dents sur le monde réel ils sont prêts à se coucher devant n’importe quel maître supposé de ladite réalité.

    Mon médecin m’avait fait remarquer une fois que parmi les ministres socialistes il n’y en a pas un seul qui soit vraiment issu du monde de l’entreprise, mais qu’ils sont tous plus ou moins membres d’une même élite cultivée d’Etat. C’est sans doute à cause de leur ignorance réelle de ce qu’est l’économie capitaliste qu’ils sont prêts à croire tous ceux qui se targuent d’en être les experts dans la pratique.

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  3. Richard Robert

     » Pas une insulte, pas un crachat : une dénomination neutre, de là où viennent les idées. » Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre… C’est, plus simplement, un des éléments de langage du Front de gauche, qui réduit tout ce qui n’est pas à la gauche de la gauche à une forme de suivisme vis-à-vis de la rue de Solférino.
    En d’autres termes, c’est de la communication politique. Et de la pire espèce: celle de gauchistes qui travaillent inlassablement à déformer et réduire leurs concurrents, perçus comme des ennemis. Certainement pas de la « neutralité »!

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    • Nicolas (@Nicolas_Lzt)

      Je n’ai jamais dit que la démarche était neutre, j’ai dit que le terme «Solférinien» l’était.
      Il ne représente littéralement aucune idée politique ni aucun courant particulier, simplement un pouvoir politique et organique dont les membres se font appeler « socialistes » alors qu’ils ne le sont pas.
      Et ce n’est pas moi qui le dit, c’est Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls, Fleur Pellerin etc… qui se disent eux même sociaux-démocrates ou sociaux-libéraux et non pas socialistes. Si cela vous contrarie c’est à eux qu’il vous faudrait en parler et pas à moi je pense.
      De plus, il y a des militants du « parti socialiste » que ça ne dérangerait pas le moins du monde de voir leur parti changer de nom pour quelque chose de plus « central », et j’ai la conviction que ce changement de nom se fera d’ici quelques années sous l’impulsion des cadres du « parti socialiste » eux même.

      Oui, c’est de la communication politique. Les mots portent avec eux des idées et on ne pense pas la politique publique en faisant fi des idées que l’on diffuse ou que l’on mute. Ce n’est pas un traitement que je réserve au PS: Les agents politiques qui se présentent comme gaullistes mais qui ne le sont pas, je ne les appelle pas « gaullistes » tout simplement parce que ce n’est pas le cas.

      Quant à la « communication politique. Et de la pire espèce » j’estime que tant que je ne me serais pas fait élire avec le slogan « le changement c’est maintenant » en ayant débuté le changement d’aucune structure économique, sociale, politique, culturelle ou européenne, j’ai de la marge avant d’atteindre celle « de la pire espèce » :)

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  4. P.S.

    Le P.S. est aujourd’hui un parti social-démocrate, qui a choisit d’accompagner le libéralisme. Du temps de Jaurès, ce parti était opposé aux conservateurs, en véritable socialiste.

    Qu’ils fassent comme en Allemagne (et dans bien des pays), où le revirement a été accompagné d’un changement de nom du parti (P.S.D.), positionnant clairement ce parti au centre-droit de l’échiquier politique.

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