C’est nettement moins pire que quand c’était beaucoup plus pire !

Depuis quelque temps, l’on voit fleurir sur internet, aux terrasses des cafés, et même dans les repas de famille chez nos amis solférino-compatibles, l’ultime justification de la politique actuelle, sous la forme de l’argument suivant : « Tu trouves que Hollande ce n’est pas assez bien, rappelle-toi Sarkozy, et tu trouveras que Hollande, finalement, c’est pas si mal. »

Un argument qui n’appelle pas de réponse, qui se veut péremptoire, qui clôt la conversation.

Enfin merde quoi, ces cinq années de droite décomplexée sont enfin terminées et toi tu fais ton difficile ?! Tu cracherais dans la soupe que ça ne serait pas tellement différent !

Le genre d’argument qui te donne envie de partir ou de surenchérir dans le grand n’importe quoi (selon que tu es plus ou moins en forme). Je propose :

• Tu as raison, finalement, une amputation c’est un moindre mal face à la gangrène.

• C’est évident, une inondation cause moins de dégâts qu’un incendie.

• En y regardant de plus près, Hollande est nettement moins moins libéral que Margaret Thatcher.

(Je ne vais pas jusqu’au point Godwin, tu agis selon ta conscience, chacun se débrouille avec ses limites, je ne te juge pas)

Que quelque chose ait été désastreux, que quelque chose puisse être encore pire, n’est et ne sera jamais une raison suffisante pour s’en réjouir. Je ne veux plus discuter de ce point avec toi. Tu te mets bien ça dans le crâne et nous repartons sur de bonnes bases. C’est bon ? Tu es prêt ? Je continue.

Nous avons déjà vu, ici, que le discours de cette gauche ressemble à s’y méprendre à celui de la majorité précédente, je ne reviens pas là-dessus. Regardons un peu les actes.

Entoure la bonne réponse. (Éloigne vite ce stylo de ton écran ! Ne prends pas tout ce que je dis au pied de la lettre !)

• Les 20 Milliards du CICE, mieux, pareil ou pire ?

• La loi bancaire qui ne sépare rien, mieux, pareil ou pire ?

• La façon dont on traite les « Florange », mieux, pareil ou pire ?

• L’ANI, mieux, pareil ou pire ?

• Les attentions portées aux pigeons (et maintenant aux poussins), mieux, pareil ou pire ?

• L’abandon de l’amnistie sociale, mieux, pareil ou pire ?

• Le refus d’encadrer les salaires des patrons, mieux, pareil ou pire ?

(J’ai à nouveau mis sept propositions, je ne suis pas obsessionnel, ça évite juste que tu te retrouves avec une égalité.)

Sauf si tu es Jean-François Copé (Mais qu’est-ce que tu fous ici ?!) et qu’il est indispensable pour toi de faire oublier le déficit démocratique au sein de ton propre parti en hurlant « Dictature Socialiste ! », tu as obtenu une majorité de « pareil ». Il se peut alors que tu te dises que, finalement, si Hollande mène sensiblement la même politique économique que son prédécesseur, il a toutefois pour lui l’arrogance et l’agitation en moins, et que c’est donc toujours mieux. Il se peut même que, comme je l’ai lu tout récemment, tu justifies cette politique libérale par le fait que les électeurs de Hollande sont aussi des centristes, des umpiste humanistes et anti-sarkozystes, des dskistes, et même des fans de Raymond Barre (j’ai ri).

Taratata ! Tu ne justifies rien du tout !

Si quand la gauche est aux manettes, la politique menée est la même que celle de la droite, ce n’est pas pareil, c’est pire.

C’est pire parce qu’il y avait des espoirs et qu’ils ont été trahis.

C’est pire parce que cela donne de l’eau au moulin de tous ceux qui déclament qu’aucune alternative n’est possible.

C’est pire parce que ceux qui font leur beurre avec le « tous pareils, tous pourris » se frottent les mains.

Alors, en effet, il est possible que François Hollande soit le meilleur président de la République de droite que nous ayons eu depuis un moment, mais non, il est hors de question que je m’en satisfasse.

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