C’est arrivé près de chez vous
Ferme les yeux.
Imagine.
Imagine un pays au gouvernement fantoche, forcé de répondre aux injonctions d’un pouvoir non élu. D’un pouvoir qui répond à une idéologie, à un dogme indiscutable.
Imagine que dans ce pays, la police lance une opération qui porte le nom d’un dieu antique et vise à mettre dans des camps les immigrés. Imagine qu’en 72 heures 7 000 personnes sont chassées et arrêtées. Que ces personnes, parce que leurs papiers ne sont pas en règle, après avoir été humiliées, sont emmenées dans des camps de rétention surpeuplés, installés dans d’anciennes bases militaires. Entassés dans des cellules microscopiques, sans eau chaude ni chauffage, ils n’ont aucun droit. Imagine que ce pays est en train de construire encore 30 centres supplémentaires pour y enfermer des êtres humains.
Imagine que ceux qui échappent aux policiers sont exploités sous des serres toute la journée, payés au lance-pierre. Ceux qui demandent une augmentation de salaire risquent leur vie.
Imagine les tonnes d’acier, de béton et de barbelés qui convergent vers la frontière pour construire murs et miradors.
Imagine des milliers de policiers qui pourchassent dans les rues des immigrés, des sans-abri, des usagers de drogues, des prostitués et des transsexuels.
Imagine que dans ce pays, des néo-nazis multiplient les agressions racistes et homophobes. Imagine qu’ils entrent au parlement.
Imagine maintenant que dans ce pays, pendant 5 ans, des pans entiers de services publics sont privatisés, que le salaire minimum est quasiment divisé par deux. Qu’un quart de la richesse produite a été détruite. Dans ce pays, le chômage frôle les 30%.
Et puis imagine enfin que tout cela arrive pour « sauver » une monnaie, qu’aucun autre choix n’a été donné à ce pays, mis sous la pression de ses voisins et des institutions internationales. Le pouvoir non-élu passe, de temps en temps, vérifier que le plan qu’il a établi avance bien. Régulièrement, il demande de nouveaux sacrifices.
Ouvre les yeux.
Tu es à Athènes. Dans l’Union Européenne, dans la zone Euro. Dans un pays membres de l’OCDE. Dans un des berceaux de la démocratie.
Leur seule chaîne publique de télévision a cessé d’émettre. Leur orchestre symphonique national a joué il y a quelques jours ses dernières notes.
Maintenant, le silence.
Le dernier concert de l’orchestre symphonique national
Ça y est, tu viens de me déprimer pour la journée. Putain.