Babordages

Pendant qu'ils ne cherchaient pas d'alternative, nous pensions à un #PlanB.

B.a-ba ou presque

Publié le par dans avec 8 avis
« Finis les rêves, enterrées les illusions, évanouies les chimères. Le réel envahit tout. Les comptes doivent forcément être équilibrés, les prélèvements obligatoires abaissés, les effectifs de la police renforcés, la Défense nationale préservée, les entreprises modernisées, l’initiative libérée »
– Jean-François Trans, la gauche bouge, 1985

Je n’étais pas encore né que Francois Hollande, sous pseudonyme, écrivait ces quelques lignes. Je ne lui jette pas la pierre (Pierre ?) mais on était quand même déjà à deux doigts de s’inquiéter.

Depuis quelques jours, on nous parle de valeurs, d’émotion qui n’aurait pas lieu d’être en politique (note bien que je dis « en » politique, mais on y reviendra plus tard). N’empêche que Rosa Parks, dans son bus…non rien. Passons.

Il y a une chose qui m’étonne de plus en plus. C’est cette résignation que certains – beaucoup – ont adoptée face au rêve comme horizon politique. Certains – beaucoup – ont cessé de rêver. Par pragmatisme. Par réalisme. Par fainéantise aussi. JF Trans par exemple. Oui parce que rêver ça nécessite quelques efforts dans ce monde si policé qui est le nôtre. Alors oui, c’est plus facile d’être un somnambule du réel, un somnambule de la politique, qu’un rêveur éveillé du politique (quelqu’un a du café ?).

Depuis quelque temps, je me pose régulièrement une question : le véritable enjeu aujourd’hui est-il encore de gagner des élections ? Oui rétorqueront certains – beaucoup. Les mêmes certainement qui pensent avoir gagné les dernières. OK mais pour quoi faire ?

Je crois qu’aujourd’hui le véritable combat est plus de mener une bataille culturelle que de gagner des élections.

Tu vas me dire que je ventile. Peut-être. C’est quoi un ventilateur au fait ?

Allons voir le Larousse :
Ventilateur, nom masculin : Appareil mettant l’air en mouvement soit dans une ambiance, soit dans un circuit aéraulique.

On va dire que dans cette définition, ce qui ressemble le plus à une société, c’est une ambiance. Donc on va dire que je (on) mets l’air en mouvement dans la société.

Ça va. J’assume de ventiler donc. #vroumvroum

On rigole, on rigole, mais en fait je crois que le vrai marqueur aujourd’hui, tient dans quelque chose d’encore plus ténu qu’une pale de ventilo. Dans une lettre en fait. Et cette lettre se trouve dans l’article défini qui précède le mot « politique ».

« Le » ou « la » :

Lisons Marcel Gauchet (qui comme son nom l’indique ne peut qu’être un affreux gauchiste mangeur d’enfants – et si t’es pas d’accord c’est pareil -) :

« La politique est une chose récente. Elle désigne les activités qui tournent autour du pouvoir par représentation qui est le pouvoir légitime dans nos sociétés : le pouvoir vient de l’élection par les citoyens. Cela suppose toute une série de conditions (de la liberté de la presse à l’existence de partis et à la discussion publique). Les sociétés libérales voudraient tout ramener à la politique. Dans ce schéma, les libertés individuelles produisent un pouvoir qui les représente tout en étant lui-même limité par ces libertés premières. Ce sont les libertés individuelles qui font l’essentiel. Le rôle du pouvoir se réduit à maintenir les conditions de possibilité d’une société de marché, d’une société qui naît de la composition des libertés des acteurs.

Le politique, c’est tout autre chose. C’est ce qui permet à la société de tenir ensemble. Il existe depuis toujours. La fonction du politique est de produire l’existence des sociétés humaines, car, à la différence des sociétés animales, elles n’ont pas d’existence naturelle. Les termites ou les castors ne délibèrent pas, que je sache, de leur organisation collective. Le propre des sociétés humaines est de s’autoproduire au travers du politique. Le politique assure aux sociétés une prise sur elles-mêmes. »

Il semblerait donc que le véritable clivage ne soit pas entre la social-démocratie et le libéralisme, entre la gauche moderne et la gauche morale, entre les progressistes et les réactionnaires, mais entre ceux qui donnent le « la » et ceux pour qui le « le » prime.

Ça tient à rien en fait. Mais ça change tout. Ça peut par exemple changer Copé en Copa (ce qui est drôle, avouons-le) ou bien gauche en guecha. Ce qui ne veut plus rien dire. Voilà.

À propos de LaFranceapeur

Membre du comité central du redimensionnement d'images. Adepte du #goulagpourcertains. Gauchissss invétéré. Borisviantophile. Passe parfois sur #DPDA et parfois sur la Comète. #photononcontractuelle

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8 avis sur “B.a-ba ou presque

  1. Blubman

    Le darwinisme appliqué au politique : ce sont les plus adaptés au système qui survivent. La représentativité a tué les rêveurs et les hommes d’état. Ceux qui survivent dans l’arène sont ceux qui sont prêts à toutes les promesses pour gagner des voix et à tous les renoncements pour ne pas les perdre.

    Vu que les citoyens doivent posséder les clés, changeons les règles du jeu politique pour éliminer ces tares évolutives et régénérer de nouvelles hypothèses. C’est d’une extinction massive dont nous avons besoin, que l’événement soit brutal (crise économique, raz-de-marée des extrémismes) ou persistant (désintérêt pour la politique, paupérisation intellectuelle des représentants).

    Il nous faut trouver un cadre du débat politique permettant de faire émerger des comportements bénéfiques pour la société et les citoyens. Une 7e république ?

    Répondre
      • Blubman

        La 6e a trop été récupérée par tout le monde pour en faire une marche arrière par rapport à la 5e trop royaliste mais sans aller à la 3ème trop instable. Une sorte de pis aller.

        Alors tant qu’à faire autant sauter tout de suite à la 7e pour en faire quelque chose de vraiment différent, et nouveau. La république n’est pas née de l’amélioration de l’ancien régime absolutiste.

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    • LaFranceapeur Auteur

      Merci pour le lien ! Très beau billet sur la résignation mais pas que. J’ai de mon côté décider de renoncer au renoncement ! :)

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  2. Benoit

    Bien vu…
    Le politique, c’est le truc qui nous fait lever la tête pour savoir si en 2017 il restera de l’oxygène à respirer sur la planète, si la hausse de la température restera inférieure à 8°, si on aura encore de quoi bouffer, ou si on sera pas en train de s’entretuer.
    La politique, c’est le truc qui nous fait la tête pour savoir si en 2017 c’est Marine, Sarko ou Valls qui a le plus de chance d’être élu.

    Je n’ai jamais compris pourquoi les médias préfèrent la version du « la ». Question sensationnalisme, le « le » est quand même plus excitant, non?

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