Atelier graphique
Au commencement, il y avait un #LePlan. Après un teasing de folie sur Twitter, nous avons dévoilé Babordages.fr, qui proclame fièrement sur son fronton : « Pendant qu’ils ne cherchaient pas d’alternative, nous pensions à un plan B. »
« Quoi ? » réagirent certains. « Le #PlanB, ce n’est qu’un site ? Ce n’est pas une alternative clé en main au #PlanA qui nous envoie dans le mur en klaxonnant ? Remboursez ! »
Tu es drôle, toi. Déjà, si tu avais lu les deux épisodes précédents de ce palpitant feuilleton, sans parler des brillantes contributions des autres membres de la cellule gauchiste, tu commencerais peut-être à percevoir la singularité de notre situation.
Mais pour t’aider à y voir plus encore plus clair, je vais citer un passage d’un billet de Paul Jorion que j’ai déjà utilisé jadis, et te remontrer un schéma que j’ai pondu il y a quelque temps.
(Oui, je feuilletonne ET je recycle, sans le moindre scrupule. Après tout, dans les feuilletons, y’a tout le temps des flashbacks, sinon, on ne s’y retrouverait jamais.)
Donc, la citation de Paul Jorion, qui identifie trois grandes crises :
1° la crise financière et économique, conséquence de la machine à concentrer la richesse qui caractérise nos sociétés, […] faute pour nous d’avoir jamais accordé l’attention qu’il mérite à ce vice qui handicape nos systèmes économiques,
2° la complexité de notre monde qui a cessé d’être maîtrisable depuis que nous avons abandonné de gaité de cœur à l’ordinateur les rôles d’une part de comprendre notre monde, et d’autre part de prendre les décisions qui s’imposent à son sujet, enfin
3° la fin du processus de colonisation de notre planète par notre espèce, qui découvre tardivement les limitations qu’une politique de « terre brûlée » finit par rencontrer et qui sont celles du Réel.
Auxquelles j’ajouterais la crise de la démocratie, qui pour faire vite découle à la fois de l’abandon du pouvoir politique à la sphère économique, et de l’horizontalization et de l’instantanéisation du monde grâce à, ou à cause d’Internet qui ringardise nos institutions.
Tu disposes maintenant du contexte pour bien comprendre le schéma recyclé que voici :
Donc, comme tu peux le voir dans la grosse case « le système », on est assez mal. (Mais si ça reste encore trop abstrait pour toi, tu peux t’en convaincre en constatant le résultat, à l’échelle planétaire, ou si tu es provincial, plus près de chez toi en regardant les chiffres du chômage et de la pauvreté en France et chez nos voisins, y compris germaniques et suédois).
Oui, tous les piliers de notre civilisation se cassent la gueule en même temps. C’est ce qui fait toute l’absurdité du #PlanA, qui serait à l’extrême limite concevablement concevable en temps normal, mais pas en temps de cassage de gueule de civilisation.
Donc, si je fais évoluer mon schéma, ça donne ça :
En outre, c’est ce qui explique que le #PlanB est une feuille blanche, et si tu as déjà créé quelque chose (un dessin, un texte, une musique, un film, un modèle de civilisation), tu sais qu’il n’y a rien de pire que d’avoir carte blanche.
Y’a du boulot, et donc de la matière à feuilletoner et recycler et baborder (chic !), mais ne te décourage pas : énormément de gens réfléchissent à la question et ont déjà commencé à gribouiller plein de trucs prometteurs sur la page (j’y reviendrai, ne soit pas si impatient).
Et nous aussi on gribouille. Alors qu’est-ce que tu fous ? Au lieu de voter tous les cinq ans pour une potiche, viens plutôt gribouiller avec nous !
Mots-clés : LeFeuilleton
Maîtrise démographique, transition écologique, réduction du temps de travail, encadrement drastique du profit (les taux de rendement), réduction des inégalités avec des planchers et des plafonds de revenus, taxation assez large de la richesse, et notamment du patrimoine, le plan B est à mon avis assez largement connu dans ses grandes lignes. Après, la question qui se pose c’est : qui pour le mettre en oeuvre réellement ?
Je ne crois pas aux partis politiques, ou je n’y crois plus. Pour l’instant, j’arrête de voter pour les partis bonnet blanc et blanc bonnet et je vote pour le seul élément politique qui a eu une vision sur le long terme et un monde d’avance sur tous les autres : l’écologie politique.
Oui, je sais, c’est assez maigre, mais il reste aussi la propagation des idées sur les réseaux sociaux, la nécessité de participer au débat public par des associations citoyennes (Roosevelt 2012 est pas mal à cet égard : les citoyens doivent former des lobbies capables de lutter avec les plus gros intérêts « multinationaux », par exemple en faisant pression sur les banques : « négociez la séparation totale de vos activités ou moi mes 6 millions de pote, on transfère une portion de notre argent, qui représente x millions en tout »). Touchez les au porte-monnaie, tout le reste ne servira à rien, même à l’orée d’un cataclysme économique, social, le business as usual a déjà repris ses droits.
Alors oui, je crois que le plan B c’est celui des citoyens qui s’impliquent dans la cité et qui, à l’ère d’internet, parviendront à fédérer suffisamment de monde autour de leur projet. Avec de vrais leviers de négociation (cf. exemple cité supra).
@Jules_Praxis
Je te remercie pour ton commentaire. Je suis surpris du nombre de gens que je croise qui se résignent à la vision TINA du monde et qui ne perçoivent pas les dangers qui nous guettent. Je m’efforce donc à ce stade du #LeFeuilleton de tenter de leur ouvrir un peu les yeux. J’aborderais bon nombre de points que tu évoques ici dans les épisodes suivants (déjà 4 autres dans les tuyaux !). Tu me pardonneras donc de ne pas te répondre dans le détail pour l’instant 😉
(Je suis aussi lent et besogneux que d’autres sont pressés 😉 )
Je vais gribouiller si vous le permettez?
Un nouveau modèle de civilisation …. Alors d’abord un monde sans argent…
un monde sans travail…. basé sur l’échange des savoirs… Pas de notion de propriété, pas de brevet… pour l’intérêt général seulement et non pas pour un petit nombre d’individus véreux et malintentionnés. Et puis c’est vrai nous sommes trop nombreux sur terre! Alors conquérir l’univers, si vaste… Plus de notion de Nation… ( ça va être difficile!!). Seulement des individus à part entière qui apprennent à se connaître, à s’aimer ou pas mais dans le respect.
Je sais c’est un peu brouillon! Se ne sont que des idées en vrac mais je crois que c’est pas mal.. Bon alors c’est quand la suite euh … du feuilleton ?
@Alice
Mais je vous en prie, gribouillez ! Cest tout à votre honneur. Chaque gribouillage compte, et tout est encore plus ou moins brouillon sans le monde bourgeonnant et babordant du PlanB.
C’est une attitude plus courageuse que celle qui consiste à critiquer les gribouilleurs, et donc à défendre le PlanA suicidaire, en évitant soigneusement de se salir un peu les mains.
La suite du feuilleton bientôt. Patience. Et merci
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