Babordages

Pendant qu'ils ne cherchaient pas d'alternative, nous pensions à un #PlanB.

À groite, rien de nouveau

Avez-vous remarqué ? Ce glissement sémantique, petit à petit qui emmène nos chers éléphants socialistes de Jaurès à Bayrou ?

L’ANI, le droit de vote des étrangers, les licenciements boursiers, l’amnistie sociale…

La droite en avait rêvé, la « gauche » le fait.

Une gauche entre guillemets oui. Une gauche qui n’a plus de gauche que le nom de son parti. Un parti au bord de l’implosion. Une implosion qui prendra certainement le nom de remaniement.

2008, réunion préparatoire du Congrès de Reims :

« Je sais, vous allez encore me dire il parle fort Mélenchon, il s’énerve sur ces sujets. Mais c’est des sujets brûlants. Si on n’arrête pas la charrette avant qu’elle ait dévalée la pente, elle ira jusqu’au bout. […] Donnez la chance à la gauche du parti. Vous avez essayé tout le reste déjà non ? […] C’est un congrès important, et quoi que vous décidiez, décidez un bon coup, tracez une ligne ferme. L’un ou l’autre. Et après chacun sera au pied de ses responsabilités. Mais décidez d’un côté. Parce qu’on a besoin de ça, pour savoir tous ce qu’on va faire. Et le peuple, par dessus tout, a besoin d’un parti qui lui serve à quelque chose. Et pas qui se serve à lui-même. Parce que là les gens, ils sont à la limite de commencer à ne pas nous aimer beaucoup.« 

Quel affreux populiste que cet homme n’est-ce pas ? Il ose dire alors, que le PS est un parti multicéphale. Tiraillé entre sa gauche (minoritaire) et sa droite (triomphante, réaliste et « dans le coup »).

Que nous apprend finalement cet extrait. Pas grand chose. A part que bien avant qu’elle n’arrive au gouvernement, la direction du Parti Socialiste avait choisi son camp. Celui du pouvoir. Celui des puissants.

Le discours du Bourget n’aura finalement été que l’ultime souffle d’une gauche socialiste attachée à une histoire. Attachée à des luttes sociales. En invoquant l’égalité, la finance sans visage, la justice pour tous, le candidat d’alors, n’aura pu que prendre une dernière bouffée d’oxygène, n’aura pu que se sentir une dernière fois « de gauche ».

Que reste-t-il du Bourget aujourd’hui ?
  • Une soumission aux volontés du Medef un accord sur la flexibilité sécurisation du travail.
  • Un crédit compétitivé de 20 milliards d’euros accordé à toutes aux grandes entreprises
  • Le droit de vote des étrangers
  • L’amnistie sociale
  • Le mariage pour tous avec la PMA et la GPA
  • Une vraie politique humaine avec les Roms
  • Le sauvetage de Florange
  • Des assises de l’entrepreneuriat, pour plumer caresser dans le sens des plumes les pigeons.
  • une réforme des retraites, tout pareil que Sarkozy.

On n’attendait rien en votant Hollande. Mais surtout pas ça. Surtout pas d’une autoproclamée gauche qui applique, voire pire, finalise le programme de la droite au pouvoir pendant une décennie, au nom d’un prétendu sérieux budgétaire.

À la limite, soit. C’est un cap. C’est une ligne, qu’ils l’assument. Mais comment peut-on sincèrement faire une campagne sur une ligne centre-gauche/gauche puis gouverner sur une ligne centre-gauche/droite ?

Qu’y a-t-il de pire pour une démocratie sociale que ces alternances sans alternatives ? – Frédéric Lordon

Qu’une ligne soclib s’installe et prenne le leadership dans un gouvernement peut s’entendre. Mais que cela soit dit clairement. Arrêtons les faux semblants. Assumer une ligne libérale n’est pas une faute en soi. La faute réside plus dans le non-dits. Dans les tabous.

Mais soyons rassurés. Les tabous idéologiques, les verrous dogmatiques sautent les uns après les autres. Ayrault remet en cause les 35h, rejette par principe les nationalisations, prône un sérieux budgétaire (qui n’a de sérieux que les règles erronées édictées par le FMI). Michel Sapin nous annonce fièrement que nous devons travailler plus, jusqu’à 65 ans (cela tombe bien, c’est pile notre nouvelle espérance de vie en bonne santé).
Fleur Pellerin, qui est à la politique ce que Cauet est à l’existentialisme, donne la becquée aux pigeons entrepleureurs patentés.

Pendant ce temps là, la majorité parlementaire s’impatiente, trépigne, parfois même s’enflamme et créé des courants adjectivaux pour se donner une consistance : populaire, forte, socialiste (sic)…

Oui mais pourquoi ? Dans quel but ?

Je suis un citoyen de gauche, j’aimerais pouvoir dire que je suis fier que mon pays ne soit pas aux mains des conservateurs. Pourtant je doute. Je doute de cette groite. Je doute de ces soit-disant progressistes qui ne sont pas capables de se définir eux-mêmes.

J’espère secrètement une implosion du PS. Non pas pour le plaisir de voir cet astre se morfondre. Mais pour le bien d’un peuple de gauche qui se trouve aujourd’hui en tenaille. Pris entre deux feux. Entre d’un côté, une gauche dite « morale » qui malgré tout incarne un idéal, des luttes sociales, une certaine idée de la gauche, et de l’autre côté, une gauche de droite, une droite compléxée, incapable de s’assumer telle qu’elle est, une droite Zapaterienne, Shcroëdrienne, Blairienne, n’ayant plus de gauche qu’une appellation d’origine incontrôlable…

Reprenons un peu les mots que cet affreux populiste prononçait en 2008 :
« Donnez la chance à la gauche du parti. Vous avez essayé tout le reste déjà non ? […] C’est un congrès important, et quoi que vous décidiez, décidez un bon coup, tracez une ligne ferme. L’un ou l’autre. Et après chacun sera au pied de ses responsabilités. Mais décidez d’un côté. Parce qu’on a besoin de ça, pour savoir tout ce qu’on va faire. »

Que reste-t-il aujourd’hui aujourd’hui de la gauche de ce parti ? De quoi se nourrit-elle ? Quel est son horizon ?

Je ne saurai le dire. Il ne leur reste que leur conscience pour choisir qui, de Jaurès ou de Bayrou sera leur hérault.

Quoiqu’il en soit, pendant ce temps, une chose est sûre : à groite, rien de nouveau.

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À propos de LaFranceapeur

Membre du comité central du redimensionnement d'images. Adepte du #goulagpourcertains. Gauchissss invétéré. Borisviantophile. Passe parfois sur #DPDA et parfois sur la Comète. #photononcontractuelle

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11 avis sur “À groite, rien de nouveau

  1. Chen

    Et le pire, c’est que les gens de droite pensent encore que le gouvernement « socialiste » se trompe parce qu’il applique une politique de gauchiste.
    On attend les élections européennes avec impatience, les socialistes s’effondreront (puisque c’est à la proportionnelle) et l’UMP qui aura peut être vu la schizophrénie la détruire aura du mal à mobiliser (surtout si elle est divisée). Ce qui est sûr, c’est que le P »S » tombera, mais au profit de qui ?

    Répondre
    • LaFranceapeur Auteur

      @Chen : C’est en effet la question: « à qui tout cela profitera ? »… A trop désespérer les français, les partis « d’alternance » jouent avec le feu…

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    • Ganlanshu

      En réalité, vous n’entendez pas beaucoup, à droite, de critiques précises des mesures du gouvernement. Les responsables UMP se rendent bien compte que Hollande est dans la continuité de Sarkozy. D’où l’opposition factice qui se concentre sur le mariage pour tous.
      Le PS sait qu’il va prendre une raclée aux européennes. C’est pour cette raison que le gouvernement n’a pas demandé une réévaluation du nombre de députés européens français. En effet, la population française a augmenté, relativement à la populatiton de l’UE, et donc la France est sous-représentée à Strasbourg. Contrairement à l’Allemagne, dont la population diminue, qui est sur représentée.

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  2. Cipher

    Le PS n’est plus un parti socialiste depuis longtemps. La disparition du centre de la politique française et la droitisation incessante de l’UMP ont obligé le PS à se déplacer vers sa droite et à phagociter de fait le centre politique abandonné par Sarkozy. Todd et Le Bras l’ont bien montré, Hollande n’a construit son avance électorale que dans les régions catholiques, traditionnelles et modérées qui ont déserté une droite en voie d’extrémisation.

    Le résultat est qu’aujourd’hui la politique du PS est ni plus ni moins que la politique du Parti radical de l’entre-deux guerres. Je cite (depuis Wikipédia) :

    « En effet, au début des années vingt, le Parti radical prône une politique de gauche qui envisage de chasser la droite du pouvoir, de rétablir la laïcité de l’État, d’étendre les lois scolaires, de pratiquer une politique internationale de détente et de conciliation pour consolider la paix, et enfin, de rétablir l’équilibre des finances publiques. »

    Quand on compare ça au programme du PS d’aujourd’hui on mesure combien peu il reste de la SFIO chez lui…

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    • LaFranceapeur Auteur

      En effet Cipher, ce PS n’a plus grand chose de socialiste si ce n’est son nom et son héritage.
      La « droite complexée » comme dirait Lordon, l’a emporté depuis longtemps.

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  3. Alice

    La parti socialiste tel que son électorat le définit , le pense n’existe plus. Le parti au pouvoir alimente le « marché » et désire s’adapter aux contingences extérieures. Effectivement ce parti tend vers le centre droit est le terme Groite est bien approprié. Il ne veut pas transformer le « marché » , ni même essayer d’autres voies. La question désormais est de savoir comment l’électorat de gauche va réagir au prochaine élection? Melenchon peut en tirer profit.. Peut-être bien ou pas.. Sans compter sur les Verts qui peuvent je pense surtout pour les élections européennes tirer leur épingle du jeux. D’ailleurs pour tout avouer je le souhaite.

    Répondre
    • LaFranceapeur Auteur

      Vous avez raison Alice. L’épine dans le pied des verts reste cependant leur participation au gouvernement, qui, même si elle se teinte de plus en plus de critiques, les élections approchant (ce n’est bien sûr qu’une simple coïncidence), risque de peser sur les prochaines élections intermédiaires…

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  4. nounourse

    A votre liste de ce qui reste vous auriez pu rajouter :
    une loi de séparation bancaire qui ne sépare rien du tout et ravit les banquiers;

    Mais votre article est excellent !

    Répondre
  5. Pingback : 456ème semaine politique: l’auto-destruction de François Hollande Actualités

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